D’un côté, il ferait face au Temple de Thémis, de l’autre à la Statue du bon Roi ; au lieu de l’entrée de la Place percée vis-à-vis la porte du Palais, il y aurait deux passages suffisans pour l’aller & le retour des voitures, dans les deux angles, & le Théâtre occuperait le milieu : on pourrait élargir, & orner d’un arc à la gloire du Dauphin, l’entrée du côté du Pont-Neuf : on ouvrirait plusieurs portes de côté sur les deux quais, dont celles du milieu seraient pour les carrosses, & la Place aurait quatre grandes issues, outre un nombre d’autres pour les gens-de-pied ; elle serait environnée de trottoirs, pour donner à ces derniers la facilité de faire le tour de la Place, & de se retirer sans danger : le quai des Orfèvres, toujours tranquille, se garnirait de deux files de carrosses, lorsque la Place ne pourrait les contenir tous.
Cette mauvaise pratique vient de ce que le commun du monde veut être trompé partout où il cherche les injustes passe-temps, et que la corruption le porte à ce qui est plus défendu. […] Vous dites vrai : car autrefois quelques habitants de Paris représentaient la Passion de Notre Seigneur, dont la figure est encore restée en relief sur la porte de cet Hôtel, et il appartenait à des Confrères, qui eussent peut-être mieux fait de la laisser inutile, que d’y mettre des infâmes qui détruisent ce que les premiers y avaient établi à bonne intention.
Cependant la gaîté, naturelle aux Français, les porte à redire et à entendre les mêmes choses que du temps de Pocquelin ; mais comme on est refréné par les bienséances, les modernes forgerons, dépourvus de mignardise et de grâces naturelles, subissent la torture. […] On exige d’eux par-delà leurs facultés : on a voulu les asseoir en payant ; et cette politesse mal entendue les a mis à la porte.