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138. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Mais quelle gloire plus frivole, quel plaisir moins satisfaisant ! […] Quand vous allez au théatre vous repaître de la vue de ces femmes immodestes, & vous laissez prendre par vos yeux à l’hameçon, d’abord vous goûtez quelque plaisir ; mais vous allumez dans vos veines une fievre violente. […] (expression singuliere, mais vive, qui marque que le vice à la faveur du plaisir s’insinue dans l’ame par l’oreille, comme l’harmonie des sons, & que le théatre est un accord de traits séduisans, comme l’orchestre fait un chœur de musique). […] n’est-ce pas un plaisir supérieur à la jouissance que la liberté du cœur, n’être pas exposé aux reproches, aux insultes, au mépris, à la perfidie, à l’inconstance d’une femme perdue, n’être pas enchaîné dans ses fers, & accablé sous sa tyrannie, traité en esclave & foulé aux pieds comme le dernier des hommes ? […] Où est donc ce plaisir que vous vantez tant ?

139. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

» Or c’est approuver la Comédie que d’y assister, et d’en faire son plaisir. […] » On voit par ces paroles, que Marcel Megal un des Religieux Théatins les plus éclairés, décide que c’est un péché mortel, de dire dans les Comédies ou ailleurs, des paroles qui portent à l’impureté et à la fornication, quoiqu’on les dise pour rire et pour relâcher l’esprit ; et que ceux qui les écoutent pèchent mortellement, quoiqu’ils les entendent sans sentir un plaisir sensuel et seulement par récréation. […] Moral. q. 11. raisonne ainsi : « C’est commettre un péché mortel, que de prendre plaisir à une action qui est péché mortel, ou qui ne se peut faire sans péché mortel ; or les Comédies ne peuvent se représenter sans péché mortel.  […] Le troisième remède, est de Mariana Jésuite, au livre 3 de Rege et Regis institutione, Cap. de Spectaculis, qui croit qu’on doit publier la Doctrine contre la Comédie, parce qu’il y aura toujours quelqu’un qui en pourra profiter, et qui préférera son salut à un plaisir si dangereux. […] Beltrame dit, en vain qu’on parle d’amour dans les Comédies, afin d’en découvrir les effets : car il est certain, dit le Père Ottonelli, qu’on y parle longtemps et avec plaisir de cette passion, et qu’on y parle très peu du remède, et toujours inutilement.

140. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VII.  » p. 461

C'est beaucoup lui nuire que de l'accoutumer à regarder ces sortes d'objets sans horreur et avec quelque sorte de complaisance, et de lui faire croire qu'il y a du plaisir à aimer et à être aimé. […]  » Ce qui marque que ceux qui vivent de la vie des sens et dans les plaisirs du monde sont souvent consumés par des passions dont l'effet est insensible au commencement comme celui de la tigne l'est sur les habits, et qu'ils attirent, comme dit un Prophète, l'iniquité dans leurs cœurs par ces vains amusements : « Vae qui trahitis iniquitatem in funiculis vanitatis.

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