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46. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

On les a mis au jour ; on en a fait des Romans, on a traduit ses lettres, & dès lors on lui a donné le plus grand mérite, il est devenu le prodige de son siécle, le Philosophe, le Théologien par excellence ; il a eu trois mille écoliers qui logeoient sous des tentes, au tour de son hermitage. […] Pour lui c’est le maître, l’oracle de toutes les sciences, il confond tous les philosophes, par ses subtilités ; il entraîne par son éloquence, il enchante par sa poësie & par sa musique ; toutes les femmes courent après lui, il étonne le monde par l’ancyclopédie de ses connoissances. […] Dans un de ces livres scandaleux, & mal écrits, intitulé le Philosophe amoureux, où le vice a pris pour texte, raconté & commenté à sa maniere, les amours d’Héloïse & d’Abaillard ; on trouve des choses singulieres & absurdes, qui n’ont pu échaper qu’à un homme de théatre. 1°. Une lettre écrite par Abaillard à Philinte, où ce philosophe raconte, sans pudeur, & avec complaisance, ses infamies. […] La préférance qu’elle donne au célibat, sur le mariage, non par un principe de réligion, comme l’Evangile y invite, mais par un rafinement de volupté, pour rendre plus piquant des plaisirs que la decence assaisonne, & que la liberté & la légitimité du mariage rend insipides, principe des Philosophes ennemis de l’état Réligieux, dont cette admirable Abbesse du Paraclet ne rougit pas de faire l’aveu.

47. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Il n’y a presque point de comédie où quelqu’un ne soit joué, & dont on n’eût pû faire des clefs satyriques ; les Précieuses ridicules sont la satyre de l’hôtel de Rambouillet ; les Femmes savantes, de Cotin, Ménage ; George Dandin, d’un bourgeois de ce nom ; le Tartuffe, de M. de Lamoignon ; le Misanthrope, de M. le Duc de Montauzier ; Pourceaugnac, d’un Limosin de ce nom ; le Philosophe, du Bourgeois Gentilhomme, Rosaut, dont il emprunta le chapeau pour le jouer mieux ; l’In-promptu de Versailles joue les Comédiens & Boursault ; la Critique de l’École des Femmes tous les censeurs ; les Facheux toute la Cour ; le Mercure a été joué par Boursault, ce qui lui fit faire un proces ; les Folies amoureuses de Regnard, le Rendez-vous de Baron, le Pédant de Bergerac, &c. […] Let. 10.), à l’occasion de la comédie des Philosophes, dont il fait avec raison l’éloge littéraire, convient des personnalités qui y sont répandues contre Diderot & ses consorts encyclopédiques. […] Les plus grands Philosophes ne furent pas plus épargnés qu’ils le sont aujourd’hui ; mais heureusement pour eux, ils n’avoient pas contre-dit leur philosophie jusqu’à se déclarer défenseurs du théatre. […] C’est là le Tabarin que Madame Dacier, admiratrice de Socrate, ose admirer ; voilà l’homme qui prépara de loin le poison dont des Juges infames firent périr le Philosophe le plus vertueux de la Grèce.

48. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Premièrement, le jugement de ce philosophe, si cher à ces esprits dissous dans la volupté, me paroît ici un peu suspect. […] Bayle, que vous n’accusez pas avec moins d’injustice, je vous renvoie à l’examen critique des remarques de M. l’abbé d’Olivet sur la théologie des philosophes Grecs.

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