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12. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Comment on devient Philosophe. […] Tout cela signifie qu’il n’y a que les Philosophes qui puissent lire sans danger les ouvrages qu’on appelle de bel esprit, les Poètes anciens et les modernes. […] Ne voyez-vous pas par toutes les choses que nous avons dites jusques ici, qu’il faut que vous travailliez tous les jours à le rendre Philosophe. Car qu’est-ce que devenir Philosophe ? […] Mais s’il est destiné à tout autre chose ne vous tourmentez pas davantage pour le rendre Philosophe.

13. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

Il n’y a que l’Académie Françoise qui l’a pris sur le ton sérieux, & en a fait fabriquer un grand philosophe, un profond moraliste, un reformateur, un apôtre : & ce n’est pas la scène la moins burlesque. […] Mais qu’est-ce que le Traducteur prétendu d’un poëme que personne n’a vu, un Cassendiste qui a été trois ou quatre fois dans sa vie s’amuser aux conférences d’un Philosophe qu’il n’a jamais entendu ni n’étoit capable de l’entendre, un ami de Lafontaine, qui a dit de lui en riant, le bonhomme ira loin . […] On a même vu l’acteur marcher à quatre pieds, & contre-faire la bête ; & c’est un grand Philosophe, bien supérieur à Moliere par les talens, par les mœurs, par la pureté de la morale, par la religion même, quoique fausse, puisque Moliere n’en avoit aucune.

14. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Enfin la religion compte aujourd’hui presque autant d’ennemis déclarés que la litérature se glorifie d’avoir formé de Philosophes, & le gouvernement doit trembler de tolérer dans son sein une secte d’incrédules qui semble ne chercher qu’à soulever les peuples sous prétexte de les éclairer. […] Qu’on vienne nous dire que Moliere est un grand Philosophe. […] Mais ce n’est rien de tout cela ; le mot de Philosophe signifie aujourd’hui toute autre chose. […] J’avoue en ce sens que Moliere est un Philosophe, & un Philosophe très dangereux, & que son Théatre est une véritable école de philosophie qui a formé une infinité de disciples. […] Du moins ce grand Moliere, ce Philosophe qui n’a que trop formé de Philosophes, auroit dû réformer tous les théatres, & les mettre au point de décence qu’on veut nous faire admirer.

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