Mais pendant l’instance, le Peuple toujours impatient et amateur de nouveautés, entreprit de s’en venger sur l’Hôtel de Bourgogne, et il s’y fit des attroupements et des insolences aux jours ordinaires de Comédie. […] Ainsi appliquant ce motif au sujet qui se presentait ; et voulant aussi calmer le Peuple et maintenir la tranquillité des spectacles, il permit par « Sentence à ces Comédiens Forains de jouer pendant la Foire saint-Germain seulement, et sans tirer à conséquence ; à la charge de ne représenter que des sujets licites et honnêtes, qui n’offençassent personne : comme aussi à condition de payer par chacune année qu’ils joueraient deux écus aux Administrateurs de la Confrérie de la Passion, Maîtres de l’Hôtel de Bourgogne : Et par la même Sentence faisant droit sur les Conclusions du Procureur du Roi, il fit défenses à toutes personnes de quelque condition qu’elles fussent, de faire aucune insolence en l’Hôtel de Bourgogne lorsque l’on y représenterait quelques jeux, d’y jeter des pierres, de la poudre, ou autres choses qui pussent émouvoir le Peuple à sédition, à peine de punition corporelle ; et que cette Sentence serait publiée à son de Trompe devant l’Hôtel de Bourgogne, un jour de Comédie, » et aux lieux que besoin serait ; ce qui fut exécuté. […] la plainte faite par le Procureur du Roi, que les Comédiens de l’Hôtel de Bourgogne et de l’Hôtel d’Argent finissent leurs Comédies à heures indues et incommodes pour la saison de l’Hiver, et que sans permission ils exigent du Peuple sommes excessives ; étant nécessaire d’y pourvoir et leur faire taxe moderée. […] Mandons au Commissaire du Quartier d’y tenir la main, et de Nous faire rapport des contraventions à la Police ; et sera le présent Réglement lu et publié devant lesdits Hôtels, le Peuple assemblé, et affiché contre les principales sorties : Fait et donné au Châtelet de Paris le douzième jour de Novembre mil six cens dix-neuf : Signé, Le Jay, et Charles Leroy. […] Mais il n’y eut que le bas peuple, ou tout au plus quelques libertins qui s’accommodèrent de ces spectacles ridicules, si indignes du théâtre Français.
Telles opinions n’ont-elles pas souventefois séduit plusieurs peuples ? […] Et partant que la Comédie soit chassée et bannie du Théâtre :On peut lire les Comedies à part et non les exhiber au peuple. […] « Souffrir ne puis que tu suives la Grèce, Peuple Romain, en sa délicatesse, Quoi que ne soit la centième partie. […] mais aussi qu’on les apprenne par cœur : et si quelquefois au temps de paix nous voulons permettre des jeux publiques, ou quelques fêtes de récréation, pour exhiber au peuple quelque passe-temps (ce qui se doit faire, à mon avis, peu souvent, ou bien après quelque grande victoire) il en faudra choisir de ceux-ci pour les réciter. […] On peut lire les Comedies à part et non les exhiber au peuple.
C’est un glaive entre les mains de l’Epouse de Jesus-Christ, qu’elle employe à regret : cependant il est des circonstances où l’on ne peut s’en dispenser, l’Excommunication étant, selon le Concile de Trente, 1 le nerf de la discipline ecclésiastique, & le moyen salutaire de contenir les peuples dans le devoir & dans la soumission. […] Le Pere Hardouin étoit le plus sçavant & le plus ridicule Pirrhonien qui ait paru depuis l’Auteur de la Secte ; il a renversé la cervelle, avant de mourir, au pauvre Pere Berruier, qui a débité dans son nouveau Peuple de Dieu, un grand nombre d’erreurs, de faussetés & d’impertinences, sur la foi de son Maître, sans y entendre malice : Or, l’opinion d’un tel homme doit-elle balancer celle de tous les Sçavans & de l’Eglise même, relativement au premier Concile d’Arles ? […] Prélat, de représenter devant le peuple la vénérable Passion de Jesus-Christ, les glorieux combats des Martyrs, les actions édifiantes des saints Personnages ; mais la malice des hommes ayant infecté ces Exercices, de maniere qu’ils sont devenus un sujet de risée & de mépris pour les uns, une pierre de scandale pour les autres ; c’est pourquoi nous avons statué que désormais aucuns des Mystéres de la religion, ni rien de tout ce qui concerne la gloire des Saints, ne soient représentés, soit que le Spectacle se produise en un Temple ou dans une maison profane : on se contentera de narrer les pieux événemens, & de porter les fidéles à imiter, à vénérer, à invoquer ceux dont ils apprendront les vertus & les miracles. […] Les Souverains ne sont plus aujourd’hui dans le cas des censures Ecclésiastiques ; Jean XXII. accorde1 à certains Moines le privilége de n’être pas excommuniés ; combien plus faut-il supposer une semblable prérogative attachée à la personne des Rois ; mais ils la tiennent des mains de l’Eglise qui l’a jugée nécessaire, sa puissance lui ayant été donnée pour l’édification des peuples. […] Mais dès qu’il est question de l’interruption du negoce & des procédures judiciaires, c’est pour lors qu’il reconnoît le pouvoir des Laïques, les Comtes sont chargés de l’ordonner aux peuples.