à faire tant de différents personnages lui paraissait introduire dans la vie humaine un caractère de légèreté indigne d’un homme, et directement opposé à la simplicité des mœurs. Quand il venait à considérer que ces personnages qu’on représentait sur les théâtres étaient la plupart ou bas ou même vicieux, il y trouvait encore plus de mal et plus de péril pour les comédiens, et il craignait que « l’imitation ne les amenât insensiblement à la chose même » Ibid.
Si les personnages de ses Poèmes ont une suite nombreuse, s’il peut faire paraître une armée sur la Sçène ; s’il peut mettre beaucoup de pantomime, & sur-tout force coups de Théâtre les uns sur les autres ; il est certain d’avoir le plus grand succès. […] Je voudrais que les Auteurs du nouveau Théâtre eussent soin de faire dire à leurs personnages un mot au sujet des décorations. J’éxigerais aussi que ces mêmes personnages èxpliquassent adroitement ce qu’elles représentent.
Quoique toute Poësie soit une imitation, nous donnons particuliérement le nom d’Imitative à la Dramatique, parce que le Poëte cessant de nous parler ou de raconter, disparoît & met à sa place des Personnages qui parlent & qui agissent. […] Ils durent bientôt penser que puisque le récit d’une Action éclatante étoit agréable, la Représentation de cette Action, mise en Dialogues, & exécutée par des Personnages, seroit bien plus agréable qu’un récit, & qu’en y ajoutant des chants placés à propos, ils attireroient les hommes à un spectacle où les charmes de la Poësie Lyrique & de l’Imitative seroient réunis. […] L’un chante le rôle de l’Historien, & les autres ceux des Personnages que l’Historien fait parler : c’étoit de cette façon qu’autrefois on chantoit dans les Eglises la Passion.