Pierre de Rauenne, que le Diable est inuenteur des masques , & le Canon par deux fois enjoinct aux clercs de ne permettre que l’on porte masques en leur presence d’autant que c’est chose diabolique : demeurant resolu que le Diable est autheur des masques par la relation qu’il y a du pere à la fille, & par consequent du Diable à l’Idolatrie sa fille aisnee, cela me releue de faire preuue que masquer est idolatrer. […] , que les peres reiettans les masques n’ont permis à aucun homme d’vser d’vne robe de femme, & à nulle femme d’vser du vestement d’homme, & ce fut le seul subject pourquoy les Anglois ietterent le sort sur la vie de la pucelle d’Orleans, d’ailleurs innocente. […] iours, mais pour s’accommoder à la foiblesse du peuple il permit que ce fut alternatiuement & de iour entre autre, le Concile de Mascon 1. […] alors le Diable parut d’assez loing masqué & horrible requerant auec plainctes & gemissemens de participer à ceste ioye à fin de troubler la feste & noircir l’esclat de ce iour, menaçant si vous ne me receuez au dedans de l’Eglise, ie trouueray place en quelque recoin au dehors, mais Dieu luy ayant leué la main & permis de faire du pis qu’il pourroit, le leuain de son orgueil l’auoit tellement enflé qu’il ne peut entrer dans le chapitre, dans le dortoir, dans le refectoir, ny dans les cellules : & fit la retraitte auec sa courte honte : Ne doubtez point que ce puissant ennemy iuré de nostre salut n’ẽploye toutes ses forces pour troubler ceste feste, & se voiant parauanture chassé du dedans de l’Eglise par les sainctes prieres & oraisons qui s’y font, par les merites des reliques de la vierge que Vet. lib. m.s. in arch. matris Eccles.
S’il a esté permis d’exposer au public en deux differens tableaux le caractere des passions & leur droit vsage, il me le sera sans doute aussi de les reduire en vn seul, & de faire voir que la Comedie qui est vne peinture viuante de toutes les passions, est aussi vne école seuere pour les tenir en bride, & leur prescrire de justes bornes qu’elles n’ozeroient passer. […] IE n’empesche pour le Roy, qu’il soit permis à Michel Mayer, de faire imprimer le Liure intitulé, Le Theatre François, & que les deffences ordinaires luy soient accordées pour trois années, à Lyon ce 22. […] I’ay du respect pour tous les Autheurs, & s’il m’est permis en lisant leurs ouurages d’en faire la distinction dans mon cabinet, & de mesurer la grande distance qu’il y a des vns aux autres, il ne me l’est pas de produire mes sentimens au Public. […] Ils suiuent à peu pres les mémes reglemens que ceux de Paris, & autant que leur condition d’ambulans le peut permettre. […] Elle se fixe tous les hyuers à Turin, & le Duc luy permet de s’ecarter l’Esté & de repasser les Alpes, n’y ayant pas de plaisir à se renfermer en Piémont dans vne Sale de Comedie pendant les grande chaleurs.
Mais jetons un coup d’œil rapide sur les ministres d’une religion austère, sur ceux mêmes qui en suivent extérieurement les préceptes, sur tous ceux qui la font servir à leurs lâches projets, soit pour satisfaire leur envie, soit pour protéger leur ambition, et nous trouverons comme compagnes inséparables de leurs caractères : l’insatiabilité, qui les rend avides de richesses, d’honneurs et de vénération servile ; l’égoïsme, qui les porte à tout faire pour eux-mêmes et à ne rien rapporter aux autres ; insensibilité, qui, après avoir endurci leurs cœurs à la vue des maux qui accablent l’humanité, à l’aspect des souffrances qui précèdent la mort, et que, dans leurs exercices, ils sont appelés à contempler, rend leur âme inaccessible aux douces impressions de la vertu et aux charmes de la sociabilité ; la cupidité, qui les rend sévères pour ceux dont la misère réclame des soins qu’elle ne peut assez récompenser, adulateurs et serviles auprès de ceux à qui les richesses et le faste permettent de faire de nombreux sacrifices.