Ce fut, sans doute, Athènes qui fixa la Comédie, & lui fit perdre ce qu’elle avait de rustique & de sauvage. […] Ce Peuple si fier & si estimable, honteux de se voir esclave, perdit en même tems son antique valeur & son goût pour les Arts. […] Ce Général, qui, fesant conduire à Rome les chefs d’œuvres de Praxitéle & de Zeuxis, avertit celui qui était chargé de ce soin, que s’il se rompait ou se perdait quelques statuës ou quelques tableaux, il l’obligerait d’en faire faire de pareils, peint bien les mœurs des prémiers Romains. […] A peine ce grand Prince eut les yeux fermés, que son éclat s’évanouit, & qu’on le perd entiérement de vue. […] Par une vicissitude singulière, lorsque les Sciences déclinent dans un pays, elles passent dans un autre, & s’y voyent bientôt comblées des honneurs qu’elles avaient perdus.
Cyprien, de perdre quelque chose des intérêts & des plaisirs du Siècle, quelque ignorant qu’on soit, on est toujours assez habile à trouver des raisons & des argumens pour s’en défendre : quàm sapiens argumentatrix ignorantia humana, cùm aliquid ejusmodi de gaudiis & fructibus seculi metuit amittere. […] N’y fît-on que perdre son tems, c’est toujours perdre le seul bien dont il soit permis d’être avare : sola temporis avaritia laudabilis est. […] L’Auteur entre dans la troisième question par une exposition de la doctrine qu’on lui oppose, sçavoir 1°. que dans le Christianisme la Comédie est un spectacle indifférent, où les simples ne risquent rien, les sages gagnent, & les fols sont les seuls à perdre. 2°.
Là le Négociant, victime d’une apparence illusoire, perd son bien s’il reçoit ces monnoyes, & la confiance publique, s’il les échange contre des valeurs réelles. […] Tels on verroit auprès de nos Magistrats, les Comédiens accablés sous le poids de leur orgueil infructeux, se perdre dans leur propre bassesse.