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30. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Monseigneur le duc de Nemours » pp. -

A Monseigneur le duc de Nemours Monsieur, Encore que ce petit discours ne soit digne de la grandeur de votre esprit, j’ai cru que vous me feriez l’honneur de l’accepter, non tant pour vous satisfaire, que pour honorer ma nécessité, qui espère que vous estimerez l’effet pour le mérite de la cause, et un pauvre don d’un riche désir : le mien n’a rien de plus cher que le respect qu’il rend en affection à vos perfections, Monsieur, qui enrichissent le monde, remplissent les âmes d’admiration, l’univers de gloire, et cette grande Princesse (vive image de la vertu de nos antiques Rois) de contentement, voyant plus louer la personne que le Prince, parce qu’il est aussi grand de mérite que de nom, en l’un la pensée manque, en l’autre la voix se perd : Et pour ne perdre cette petite œuvre, j’ai pris la hardiesse de l’appuyer du vôtre, Monsieur, jugeant qu’il n’aura faveur ni lumière que celle qu’il tirera de vous, qui portez en terre les grâces du Ciel où il éclairera ses ténèbres : Et parce qu’en l’entreprise glorieuse la faute est digne de pardon, j’ai cru que vous y serez aussi prompt, Monsieur, comme je vous ai vu libéral aux louanges de l’esprit de la Signore Isabelle, dont les Comédies se peuvent maintenir, puisque vous les avez jugées, Monsieur, un plaisir semblable aux repos des Avettes, où il n’y a souillure, pollution, ni amertume : la crainte que mes paroles en apportent aux douceurs de vos Muses, me fera finir, et en toute l’humilité que je puis, vous baiser les mains, et supplier me permettre la gloire de me qualifier, Monsieur, Votre très humble, très obéissante, et très fidèle servante.

31. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Après tous les remèdes pris et à prendre croyez que vous y avez plus perdu que vous n’y avez gagné. […] Est-il besoin d’une excommunication du Ciel pour nous faire quitter ce qui nous doit perdre ? […] Le Jeu l’emporta, et la joua si malheureusement qu’il perdit tout. […] Proposez-vous deux joueurs qui nouent une partie : Il est de la nature du Jeu que l’un gagne et que l’autre perd. […] Menedemus y perdit la tête, comme il avait mérité.

32. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

On aime à être attendri, c’est l’effet de l’amour que nous avons les uns pour les autres ; mais il dégénère en passion, et va se perdre dans les bouillons de la sensualité. […] Aussi depuis la chute de cette puissante rivale de Rome, toute sorte de guerres et de calamités ont désolé et enfin perdu la République. […] Le démon vous propose l’appas des spectacles et des honteuses voluptés, pour reprendre par le plaisir ceux qu’il avait perdus. […] A Dieu ne plaise que nous vous disions : Dieu ne veut pas vous perdre, réjouissez-vous, mangez, buvez, allez à la comédie, il n’y a point de mal, Dieu est miséricordieux. Ce serait vous tromper, et nous perdre nous-mêmes.

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