Du moins la loi le permet au Musulman, & il ne s’y livre qu’en secret ; la loi des Chrétiens le défend, & c’est en public que des Chrétiennes à leurs gages s’étudient à verser dans leur cœur un poison qu’ils disent criminel ; puis-je penser qu’ils en sont convaincus ? […] y pensez-vous ? […] Mais malheureusement des vues supérieures, plus importantes que l’établissement d’un théatre, ont dérangé ses lauriers ; la guerre dont la Russie afflige la République, a fait penser qu’il étoit plus pressé de défendre la religion & la patrie que de jouir des faveurs de la Clairon ; la troupe qui se préparoit à la suivre a été contremandée, & sa couronne a été ensevelie dans les glaces du nord.
En 1768 le Clerc chargé de cette brillante opération, qui pense en grand, prononça une belle harangue devant les Officiers de la Maîtrise, & afin que toute l’Europe en fut instruite par le Dieu aux Talonieres & au Caducée, il l’a fait insérer dans le Mercure de mars, précédée d’un récit fort glorieux aux anciens Clercs, chez qui on n’iroit pas chercher des exploits militaires. […] Pour moi, je pense que le vrai charme, le vrai talisman du déguisement de sexe, que le libertinage a travesti en culte & en superstition, c’est que les habits d’un différent sexe, quand on les manie, quand on les porte dans des dispositions criminelles, influent même physiquement dans l’impureté, excitent des sensations, des idées, des désirs, des mouvemens de lubricité dans ceux qui s’en couvrent, ou qui les voient, comme si la personne à qui ils appartiennent, étoit présente ; le feu impur qui s’allume naturellement, & que le goût, les discours, les gestes, l’imitation du sexe souffle, attise, sont le vrai charme. […] Je pense qu’on a voulu faire vivement sentir les dangers & les désordres de la liberté des masques, par le portrait naïf qu’on en fait.
Cet enfant augmentant le nombre de ses premieres années, ne diminua point ses premieres disgraces, & fut contraint de demander l’aumône publiquement, & de gagner sa vie à penser des chevaux. […] Pompée attela à son char deux Elephans, quand il Triompha de l’Afrique, & la grosseur de ces animaux pensa mettre en desordre la ceremonie, car ils ne purent pas entrer ensemble, ny passer sous les Portes, ou sous les Arcs TriumphauxIc. 16. […] Mais l’honneur de monter dans le Char n’étoit accordé, que ie pense, qu’à la Ieunesse, ou qu’au Sexe incapable de monter à Cheval.