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57. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

Il est se vrai que la tristesse & les angoisses que nous cause la Tragédie, nous paraissent délicieuses parce qu’elles satisfont le penchant qu’ont tous les hommes à plaindre les infortunés, que jamais au Théâtre on n’a éprouvé avec peine ces sentimens, tout douloureux, tout déchirant qu’ils sont dans d’autres circonstances. […] La douleur n’est plus une peine alors, elle est un plaisir.

58. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Le Sénat en comprit le danger, lorsqu’il n’étoit plus tems de s’y opposer, le reméde eut été pire que le mal : on se contenta d’infliger aux Comédiens1 la peine d’infamie un Chevalier Romain fut dégradé pour avoir monté une seule fois sur le Théâtre. […] Martial se mocque d’un homme sage qu’il rencontre dans l’Amphithéâtre, ce lieu n’étant point l’azile de la sagesse, la vertu d’un Caton auroit bien de la peine à s’y soutenir. […] Il est remarquable que les payens se rencontrent avec les Peres de l’Eglise, dans le jugement qu’ils ont porté sur les Spectacles, & que la seule raison les ait convaincus d’une maxime qu’on a tant de peine à faire saisir à des personnes qui se disent éclairées des lumieres de la foi, & parfaitement soumises à la sévérité de l’Evangile.

59. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Il auroit peine cependant à l’appeller Tragédie, il ne la mettroit du moins qu’au second rang, & il n’appelleroit point Tragédie, Cinna qui n’excite ni la Crainte ni la Pitié, & dont la Catastrophe est heureuse pour tous les principaux Personnages. […] Comment la Tragédie de Britannicus eût-elle été couronnée à Athenes, puisqu’elle a eu tant de peine à plaire à des Spectateurs qui n’étoient point Peuple ? […] Et nos Poëtes Modernes qui ont ce secours, qui veulent rester longtems sur le Théâtre, & n’ont dans la Versification qu’une loi un peu gênante, qui est celle de la Rime, ou l’observent mal, ou ne l’observent point du tout, & parce qu’ils veulent être Poëtes sans peine, veulent nous faire accroire que cet usage est barbare.

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