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344. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

malgré mille précautions, une femme honnête et sage, exposée au moindre danger, a bien de la peine encore à se conserver un cœur à l’épreuve ; et ces jeunes personnes audacieuses, sans autre éducation qu’un système de coquetterie et des rôles amoureux, dans une parure immodeste, sans cesse entourées d’une jeunesse ardente et téméraire, au milieu des douces voix de l’amour et du plaisir, résisteront à leur âge, à leur cœur, aux objets qui les environnent, aux discours qu’on leur tient, aux occasions toujours renaissantes, et à l’or auquel elles sont d’avance à demi vendues !

345. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Je croirai même, si vous voulez, que vous n’êtes point de Port-Royal, comme le dit un de vousc, quoiqu’à dire le vrai j’aie peine à comprendre qu’il ait renoncé de gaieté de cœur à sa plus belle qualité ?

346. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Tant que Titus balancera entre l’amour du devoir & l’amour de Berenice, nous entrerons dans ses peines, son attachement à la vertu qui le fait résister à la force de sa passion, le rendant digne de notre estime ; nous le plaindrons d’autant plus qu’il fera plus d’efforts, & que par conséquent il souffrira davantage : mais dès l’instant qu’il succombera, nous cesserons de le plaindre, puisqu’il n’aura plus besoin de notre pitié ; si nous avions même prévû qu’il dût ceder, nous avions même prévû qu’il dût ceder, nous nous serions épargné une compassion inutile ; & comme nous sommes persuadés que cette passion de préférence pour un seul objet, n’est pas un penchant absolument insurmontable à la vertu, nous n’aurions pas sûrement regardé comme estimable un homme qui n’a pas la force d’y résister. […] Ce n’étoit pas la peine, pour vous efforcer si infructueusement d’être plaisant, d’avancer contre la verité, que dans les pieces modernes c’est toujours une femme qui fait tout. […] Les hommes destinés par la Providence aux fatigues d’un travail assidu & pénible, ont besoin de renouveller leurs forces dans le repos : le plaisir est la récompense de leurs peines : le délassement leur est aussi nécessaire que la nourriture : un travail continu épuiseroit autant leurs forces que la privation des alimens.

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