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58. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

On peint le front, les joues, les paupieres, les sourcils, le nez, la bouche, les oreilles, les ongles, les mains, les pieds. […] Il n’est donc pas étonnant que les habitans de l’Isle d’Oïsi, nouvellement découverte, dans les mers australes, qu’on a voulu galamment, je ne sais pourquoi, ou plutôt ridiculement appeller l’Isle de Cithere, le peignent le corps en bleu ; il y a deux mille ans qu’on le faisoit dans notre hémisphere. […] Le masque phisique du vermillon, le masque moral de l’hypocrisie sont en ceci très-semblables : on ne sauroit si bien peindre tout le corps, qu’il ne reste quelque nuance differenté, ni mésurer si bien toutes ses démarches qu’il n’échappe quelque mot, quelque geste, quelque mouvement qui détruit tout l’édifice. […] Les sauvages de l’Amérique, entr’autres les Caraïbes & les Topinamboux prennent cette sage précaution, ils se peignent tout le corps de rocou, qui leur donne une couleur vive & brillante d’écarlate, sans quoi l’on est comme l’âne de la Fontaine, qui s’étoit couvert de la peau du lion. […] Le théatre n’étoit pas connu du tems d’Homere, mais il l’a peint d’avance, & la plupart des piéces sont prises dans cet élégant magasin de folies.

59. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

En 1677, un Particulier fit construire au Marais une Salle d’Assemblée, avec un Théâtre où il ne fit paraître que de petits Enfans : ce qui fit nommer son Théâtre, le Théâtre des Bamboches, du nom d’un Peintre1 qui ne peignait que de petites figures : ce Spectacle, qui plut dans sa nouveauté, ne subsista que quelques mois. […] Le moyen que je viens de proposer, pour rendre utile le Théâtre-Ephébique, n’est pas le seul ; il en est un autre, peut-être moins avantageux pour les jeunes Acteurs, mais dont l’effet serait plus présent pour le Public : Qu’on abandonne tout-à-fait le mauvais genre de Pièces, adopté, faute de pouvoir mieux par le Néomime soumis au caprice des Grands-Comédiens : au lieu d’intrigues communes & triviales, de passions froides, dont l’expression est aussi gauche que messéante dans la bouche des Enfans-acteurs, qu’ils jouent de petites Pièces plus proportionnées à leur âge ; par exemple, que ces nouvelles Atellanes peignent les passions, les goûts, les défauts de l’Enfance : qu’on prenne encore des sujets naïfs dans les Fables de Lafontaine de Lamotte &c.

60. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

Héliodoree, dans son Histoire Ethiopiquef, nous peint les honnêtes propos et les chastes combats de politesse entre Théagene et Chariclée : Achilles Tatiusg nous raconte les amours véritablement Platoniciennes de Clitophon et de Leucippé. […] L’action de la Pièce était un Vieillard amoureux : le Courtisan s’y trouva peint d’une manière à ne pouvoir se méconnaître ; et, surtout lorsqu’il entendit, sur la Scène, la lecture des Lettres qu’il avait lui-même écrites à sa Maîtresse, il en fut si honteux, qu’il renonça dans le moment, et pour toujours, à sa passion.

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