Je dois dire un mot du Récitatif : l’Opéra-Bouffon l’employe souvent, quoiqu’il paraisse lui être étranger ; & je ne veux en parler ici qu’en le considérant dans ses Pièces. […] Il est certain que toute espèce de chant est peu naturel ; car on peut le regarder comme l’image outrée de la manière dont parlent les hommes lorsqu’ils sont agités de quelque passion : il n’est supportable que dans un Spectacle entièrement consacré au merveilleux. […] Est-il vraisemblable en éffet que quelqu’un qui parle, soit seul, soit en compagnie, s’avise tout-à-coup de traîner les sillables de certains mots, ou de les répèter jusqu’à perdre haleine ? […] Le sens commun, & la manière de parler des hommes, que personne ne peut ignorer, nous attestent qu’on prononce tout de suite les mots, à mesure qu’ils naissent avec la pensée, dont ils sont l’image. […] D’ailleurs les Musiciens peuvent-ils oublier que le chant est presque l’imitation fidelle de la manière dont on parle communément ?
En vérité, tout homme qui peut parler de cette sorte est bien déclaré. […] Tant que vous parlerez comme cela, vous ne vous compromettrez point. […] Mais nous en parlons bien à notre aise, nous qui le regardons de sang froid. […] On a beau parler d’autre chose, on ne songe qu’à celle-là, et l’on y revient toujours. […] [NDE] Racine parlait bien d’un Père Maillard, mais non d’un Père Mulart – dans sa réponse, Racine reprochera à Barbier d’Aucour cette substitution.
Ainsi dans cette confusion que la negligence des Autheurs, ou que l’usage de parler a laisée indecise : il est bien-mal aisé de dire les premiers fondateurs, ou les veritables commancemens de l’Amphitheatre. […] Bien que les Amphitheatres fussent beaucoup plus petits que le Cirque, ils ne laissoient pas d’estre fort spacieux : L’on peut conjecturer & conclure leur grandeur par le grand nombre de personnes qu’ils pouvoient contenir : Le Theatre de Scaurus dont nous parlerons au Chapitre suivant, pouvoit tenir quatre-vingt mille personnes. […] Le mesme Serly dont nous avons parlé, donne le plan d’un Amphitheatre de Pole, dont Lipse n’a touché que la description des dehors, sans nous en specifier la grandeur. […] Il n’est pas toutefois impossible que cet Amphitheatre dont le Neapolitain parle, ne soit aussi-tost celuy de Statilius Taurus que celuy de Cesar. […] Par cette autre peinture des Chasses de la seconde espece, l’on voit qu’elle estoit toute meurtriere & toute cruelle, & contre des bestes farouches recherchées pour cela de tous les coins du monde, & renfermées dans ces cavernes dont nous avons parlé.