Je n'écris pas ici pour ceux qui, ne croyant point à la religion Chrétienne, encore qu'ils la professent extérieurement, ne doivent être regardés que comme des Païens baptisés, qui désavouent par leur irréligion, et par leur impiété, l'offre que leurs parents ont fait d'eux à l'Eglise, et rétractent les promesses les plus solennelles de leur baptême. […] La Tragédie considérée par cet endroit ne paraît pas plus mauvaise que les paraboles des Hébreux, les hiéroglyphes des Égyptiens, et les Emblèmes; les tragédies même des premiers poètes sont toutes morales, et pleines de sentences ; et s'il y en a quelquefois qui soient contraires à la vérité, il s'en faut prendre à la morale des Païens, et non pas à la Tragédie, qui rapporte comme vertueux ce qui passait pour vertueux en son temps, quoiqu'il eût le vice général de toutes les vertus païennes. […] La plupart des tragédies de Sophocle et d'Euripide sont de cette nature, et si les siècles suivants n'avaient pas ajouté plus de corruption dans le choix des sujets et dans la manière de les traiter, il serait bien difficile de blâmer la Comédie dans les Païens, quoiqu'elle fût toujours très blâmable dans les Chrétiens dont la vocation est si sainte et si relevée, que les Pères nous témoignent que les spectacles profanes leur ont toujours été interdits: mais outre cela, il est très certain que c'est à tort qu'on prétend justifier celles de ce temps par l'exemple des anciennes, rien n'étant si dissemblable qu'elles le sont. […] Ils connaîtront leur crime, et le voudront venger; Mon zèle à leur refus, aidé de sa mémoire, Te saura bien sans eux arracher la victoire. » Ce serait une fort méchante excuse à cette horrible impiété, de dire que Comélie était païenne, car cela prouve seulement qu'elle se trompait, en attribuant la divinité à des choses qui ne la possédaient pas, mais cela n'empêche pas que, supposé qu'elle leur attribuât la divinité, elle n'eût pas des sentiments effroyablement impies.
Sa vie, sa mort, ses métamorphoses d’ecclésiastique en guerrier, de général d’armée en philosophe, de chrétien en païen, donnerent continuellement la comédie à tout l’empire. […] Qu’on ne dise pas que, toujours païen dans le cœur, il n’a fait semblant d’être chrétien que par crainte. […] Il ne faut pas moins que toutes les idées qui ont introduit l’irréligion, pour combler d’éloges un païen qui a été l’horreur de tous les siecles. […] L’empereur Aurélien, à qui on eut recours, décida que la maison appartiendroit à celui des deux évêques qui auroit l’approbation du Pape : tant il étoit reconnu, même parmi les païens, que l’union au S.
Leurs pensées se ressentent de la source d’où elles sont puisées : je veux dire de la Philosophie Païenne. Ils inspirent la confiance en soi-même, comme si l’homme tirait la vertu de son propre fond, et l’âme enchantée par leurs vains discours se repaît de vaines idées, et prend un esprit tout Païen. […] Si l’on rencontre de la fable ou de la superstition, on lui montrera l’aveuglement horrible des Païens qui faisaient des divinités des objets de leurs passions, et qui se familiarisaient avec le crime par l’exemple des Dieux de leur façon : on lui fera reconnaître en même temps la grandeur des miséricordes de Dieu sur nous, qui nous a montré la voie de la Justice et la manière de l’adorer, pendant que tant de Nations demeurent dans les ténèbres, et sont abandonnés à leurs imaginations. […] Les Païens ont pu raisonner quelquefois comme nous, puisqu’ils participaient comme nous à la raison : mais ils n’ont pu avoir l’esprit dont Jésus-Christ est le dispensateur, puisqu’ils ne connaissaient pas Jésus-Christ.