Outre cela il reprend aussi toutes mauvaises coutumes et observations des Gentils et Païens, sous le nom aussi de quelques-unes qu’aucuns Chrétiens retenaient de son temps, et ne pouvaient oublier du paganisme. […] Auxquels jours nous n’oublions rien de tous jeux et ébats séculiers jadis inventés par les Gentils : de bouffons mathassinse, mômeries, mascarades, toutes sortes de danses, comédies, fables ou farces, comme nous disons, par lesquelles on représente comme ès Florales, sinon de fait au moins de paroles, de signes, gestes, et de substance choses vilaines, et déshonnêtes qui ne peuvent qu’aviser, induire, et inciter les personnes à ce faire, à la première occasion qui s’y offre.
Tâchant de ne rien oublier d’èssentiel dans cet Ouvrage, je dois parler des deux genres de musique qui divisent toute la France. […] Je ne dois pas oublier de faire ici une remarque digne de la curiosité du Lecteur. […] Nos rivaux pourront-ils nous pardonner d’avoir un mérite égal au leur ; & pourrons-nous oublier qu’ils nous ravissent la moitié de nos succès ?
Il en résulte de grands avantages ; outre l’aménité de mœurs qu’ils procurent, c’est par le Théâtre qu’une aimable Philosophie pénètre dans tous les Ordres de l’Etat ; (ceci prouve combien on doit épurer la source des amusemens publics) : l’enchantement des Représentations, & de leur brillant Spectacle, distrait les hommes d’objets desagréables ; au sein des Ris & des Jeux, ils se trouvent forcés d’oublier jusqu’à leurs calamités : par-là l’on fait aimer au Citoyen un pays où il trouve des plaisirs inconnus ailleurs. […] Un Anglais, en se noyant de punch & de thé, s’amuse à règler l’Etat, fronde le Ministère, & souscrit pour Wilkes ; le Germain oublie tout à force de rasades ; le Français existe par les femmes : si quelquefois elles l’amolissent, plus souvent encore un coup-d’œil, un sourire de leur part ont suffi pour faire des héros. […] Le jeune-homme qui vient d’être ému, troublé, transporté hors de lui-même, s’est mis à la place de l’Amant ; il a cru voir dans celle qui représentait l’Amante, l’objet qui doit faire sa félicité ; son âme abusée ; s’est élancée vers l’Actrice ; la personne a fait oublier le rôle : dès le lendemain, il court revoir son enchanteresse, & dans la bouche de cette femme, les maximes saines, salutaires ne font plus que parer des charmes de la vertu l’idole de la volupté.