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201. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Cette femme mourante voit son amant parmi ces Religieux, l'appelle, lui parle, et déclare publiquement son sexe, son amour, ses folies, ses crimes, par un discours dont le brillant, la vivacité, les antithèses, la suite artiséea, le long détail, sont aussi contraires à la tristesse et à la faiblesse de l'esprit, que son énorme longueur est au-dessus de la faiblesse du corps d'une agonisante, et surtout répréhensible dans une personne qu'on dit se convertir dans ce moment terrible, et qui s'occupe avec la plus vive passion de ce que sa conversion l'oblige d'oublier, et qui ne peut que scandaliser ceux à qui elle en fait l'étalage. […] Tous ces affreux serments sont enfin oubliés : J'adore Adelaïde et je vole à ses pieds. » Adelaïde avoue aussi que cent fois elle a voulu escalader les murs.

202. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Les statuts de l'Université de Paris et ceux des autres Universités du royaume n'ont pas oublié ce point important de discipline. […] Cette différence est si bien reconnue, que quand le Collège s'écarte des bienséances, on le compare au théâtre, et les Ecoliers aux Comédiens, et qu'au contraire quand une pièce du théâtre n'a pas excité la passion, on dit d'abord c'est une pièce de collège : double accusation, dont on ne manque pas de se défendre de part et d'autre, tant on est persuadé qu'on ne peut être innocent en imitant ce genre d'hommes, que leur ressembler, c'est oublier les vertus et les bienséances, qu'on ne peut être bon Comédien en observant ces lois.

203. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Le comte de Rochefort étoit du nombre, & méritoit d’en être ; il ajoute fort naïvement, quoiqu’on aït accoutumé d’admirer tout ce que dit le Roi, nous étions trop chagrins pour avoir envie de rire : mais, comme le génie françois est d’oublier les maux dès qu’ils sont passés, nous ne nous en souvînmes plus à la premiere auberge ; nous ne parlâmes plus que de faire bonne chere ; & ces messieurs ayant trouvé le vin bon, ils en prirent tant qu’ils eurent besoin d’aller reposer . […] Mais, ajoute-t-il, si on juge à propos de faire usage de ces exercices, tout dangereux qu’ils sont, il faut 1°. oublier qu’on donne un spectacle, il ne faut agir que pour agir, non pour plaire : le soin de plaire distrait & en fait manquer les moyens . […] Les enfans ne se souviennent plus des fables, ils n’oublient point les contes, même dans un âge avancé on les cite, on les répete.

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