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245. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Le théâtre voltige sur tout, le spectateur y est toujours hors de lui-même, son âme est toute dans ses yeux et dans ses oreilles, il est ravi et en extase ; étranger chez lui et craignant d'y rentrer, il se dissipe de plus en plus, s'arrache des bras de la vertu, pour se jeter au milieu des tempêtes et des écueils de toutes les passions : « Desolatione desolata est terra, quia nemo est qui recogitet corde.

246. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Ces oreilles n'écoutent point, elles entendent ; c'est un instrument de musique, dont les cordes touchées au hasard rendent des sons.

247. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Enfin la Vieille, forcée de prêter l’oreille pour un moment, répond en s’opiniâtrant, que « quelquefois il faut tout voir pour bien juger ; que l’intention est cachée ; que la passion préoccupe, et fait paraître les choses autrement qu’elles ne sont, et qu’enfin il ne faut pas toujours croire tout ce qu’on voit ; qu’ainsi il fallait s’assurer mieux de la chose avant que de faire éclat » : sur quoi son Fils s’emportant lui repart brusquement qu’« elle voudrait donc qu’il eût attendu pour éclater, que Panulphe eusse… Vous me feriez dire quelque sottise ». […] Cela étant, et puisque les Philosophes les plus sensuels n’ont jamais douté que la Raison ne nous fût donnée par la Nature, pour nous conduire en toutes choses par ses lumières ; puisqu’elle doit être partout aussi présente à notre âme, que l’œil à notre corps, et qu’il n’y a point d’acceptions de personnes, de temps ni de lieux auprès d’elle : qui peut douter qu’il n’en soit de même pour la Religion, que cette lumière divine, infinie comme elle est par essence, ne doivent faire briller partout sa clarté : et qu’ainsi que Dieu remplit tout de lui-même, sans aucune distinction, et ne dédaigne pas d’être aussi présent dans les lieux du monde les plus infâmes, que dans les plus augustes et les plus sacrés ; aussi les vérités saintes, qu’il lui a plu de manifester aux hommes, ne puissent être publiées dans tous les temps et dans tous les lieux où il se trouve des oreilles pour les entendre, et des cœurs pour recevoir la grâce qui fait les chérir ?

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