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31. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Mais il y a chez tous les peuples des opinions respectables et utiles au Gouvernement que les Auteurs Dramatiques se gardent bien d’attaquer ; il faut louer leur sagesse et ne pas confondre avec les vices qu’on critique sans ménagement, les opinions qu’on respecte vu leur utilité, quoique ces opinions puissent quelquefois introduire certains abus dans les mœurs. […] Je ne sais si la bonne ou mauvaise opinion qu’on prendrait du cœur d’un Peuple ne serait pas fondée légitimement sur le goût de ses spectacles, il est certain, à ce qu’il me semble, que celui qui se laisse toucher d’horreur ou de pitié par des tableaux moins effrayants et moins atroces sera celui en faveur duquel on doit présumer qu’il est plus humain, plus vertueux, plus sensible, et par conséquent plus facile à corriger de ses défauts, puisqu’il faut des ressorts moins violents pour l’émouvoir et le toucher. […] Vous n’affectez apparemment cette opinion que pour faire croire que la bravoure gâte les mœurs de la nation ; je sais bien que si tous les hommes étaient bons et sages, la valeur serait la plus inutile de toutes les qualités : mais puisque l’ambition, l’injustice, l’oppression, la cruauté l’ont rendue si nécessaire depuis Nimbroth al jusqu’aujourd’hui, et que probablement elle ne le sera guère moins dans les siècles à venir ; il est très sage de la faire aimer et de la nourrir par de grands applaudissements. […] Si l’on a déjà secoué à moitié le joug de l’opinion, espérons que la raison achèvera l’ouvrage, en fournissant aux gens d’un vrai courage des raisons de se soustraire à l’étourderie des faux braves. […] Ne craignez point au reste qu’à l’exemple de Néron nos sages Magistrats fassent égorger ceux des spectateurs qui ne se plairont pas à des pièces trop sagesbe : cette apostrophe au plus affreux des Tyrans ne justifie ni votre opinion à l’égard de la faiblesse des lois contre les abus du spectacle ni le reproche que vous faites aux Acteurs de l’Opéra de Paris, de vous avoir voulu quelque mal.

32. (1715) La critique du théâtre anglais «  [frontispice] »

et l'opinion des auteurs tant profanes que sacrez, touchant les Spectacles.

33. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Pour être au fait de la contrariété des opinions sur ce point, il suffit de remonter à la fameuse lettre du père Caffaro, théatin. […] L’apologiste du théâtre termine sa lettre par cette réflexion : « D’autres que vous me feront peut-être un crime d’avoir suivi l’opinion la plus favorable, & m’appelleront casuiste relâché, parce qu’aujourd’hui c’est la mode d’enseigner une morale austère, & de ne la pas pratiquer : mais je vous jure, monsieur, que je ne me suis pas arrêté à la douceur, ou à la rigueur de l’opinion, mais uniquement à la vérité. » Un prêtre, un religieux, qui entreprend de laver le théâtre de son ancien opprobre, étoit capable de rassurer bien des consciences : mais le P. […] On étoit étonné de voir M. d’Alembert ne pas répondre à la satyre éloquente à laquelle il avoit donné sujet ; mais enfin il rompit le silence & défendit son opinion.

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