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23. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

DE LA COMEDIEa Toutes ces sortes de Poésies amusent quantité de Gens ; D’autres sont d’avis qu’on ne devrait guère s’occuper ni à en composer ni à en lire : Ils tiennent tout cela pour folie ou pour vanité ; mais c’est une opinion trop chagrine et trop sévère. […] Les Comédies où les passions sont si bien représentées, ont offensé tous les Dévots ; Selon leur opinion on y emploie des paroles trop tendres qui réveillent la passion d’amour dans les cœurs ; Il s’y trouve en quelques endroits des Discours véhéments qui excitent la colère pour des sujets qui ne le valent pas ; l’orgueil et l’ambition y ont leur place, pour nous apprendre à rechercher les faux biens du Monde, et à mépriser les vrais biens, qui sont ceux de la Vertu, et tous les biens entièrement spirituels. […] Celui qui a fait imprimer un gros Livre contre ces belles Représentations, a donné plusieurs exemples pris des plus fameux Poètes du Théâtre, et des plus discrets qui selon son opinion ont des paroles trop touchantes.

24. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

De cette façon on purgera le Théâtre d’un nombre infini de sujets qui avilissent le spectacle, dégoûtent le Public, et éloignent de ce parti bien des honnêtes gens qui ne rougiraient pas de le prendre, si l’association de pareils Confrères ne justifiait l’opinion que bien des gens ont conçue contre tous les gens de Théâtre. […] Il est bien difficile de détruire une opinion universellement reçue comme un sentiment de vertu ; opinion si enracinée qu’on rougirait de ne pas la suivre, quoiqu’on en sente toute l’absurdité. […] Diogène était Philosophe mais Philosophe Cynique et, suivant la commune opinion, orgueilleux autant qu’insolent : on voyait son orgueil à travers les trous de son Manteau ; et quelque bonne opinion que M.  […] Je ne verrai point des Usurpateurs futurs dans les Réformés du Royaume de France : leur zèle patriotique, la pureté de leurs mœurs, leur valeur éprouvée à laquelle le Roi vient d’accorder les honneurs militaires, que leurs opinions les empêchaient ci-devant de partager : tout cela me les fait voir tels qu’ils sont, d’honnêtes gens et de bons citoyens. […] Je dénoncerais au Ministère public un Auteur dans les écrits duquel je découvrirais des opinions nouvelles, contraires au repos de la foi, et par conséquent à celui de l’Etat.

25. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

Fort de la pureté de mes intentions et de la certitude que mon opinion nouvelle, en cas d’erreur, et du reproche imminent d’avoir négligé ce précepte : Sumite materiam vestris qui scribitis æquam viribus , ne peut causer aucun mal, et pourrait encore, au contraire, donner quelques indications neuves et faire naître des idées utiles à d’autres écrivains plus exercés, qui considéreraient ce sujet sous de nouveaux points de vue ; j’aurai le courage d’écrire, de soumettre à la discussion la plus solennelle, et au jugement des hommes les mieux éclairés ce que je crois avoir remarqué de plus, en continuant de chercher de bonne foi, et sans d’autre passion que celle du bonheur commun, comment il s’est fait que, malgré toutes nos lumières et nos belles institutions, malgré nos immenses bibliothèques renfermant tant de plans et de systèmes, ou de bons livres destinés à nous améliorer, comme ceux qui paraissent encore tous les jours sous toutes les formes ; et malgré les exemples, les efforts successifs et continuels des orateurs les plus éloquents et les plus vertueux, et des sages les plus instruits, les plus persuasifs, secondés par les plus vigoureuses satires et censures ou critiques vivantes de nos personnes, de nos défauts et de nos vices, nous soyons toujours tombés en effet de plus en plus dans le relâchement, et soyons arrivés sitôt au degré de cette effrayante dissolution de mœurs dont un parti accuse aujourd’hui avec si peu de discernement ces moyens mêmes de réformation. […] J’ai consulté, outre les lumières de la plus longue expérience de mes doyens d’âge, les différents genres de traditions historiques, les écrits authentiques et les mémoires secrets, les anecdotes et même les arts et leurs productions ; j’y ai observé les hommes et le cours de leurs vertus, de leurs vices, de leur langage, de leurs actions, les variations des principes et de l’esprit des sociétés ou des cercles et coteries, en un mot, le mouvement de l’opinion et des mœurs. […] C’est pourquoi je prie mes juges impartiaux de ne prononcer sur mon opinion nouvelle qu’après avoir lu attentivement cet essai ; et si je ne suis parvenu à les convaincre de la pureté des sentiments qui me l’ont inspiré, il ne me restera plus qu’à regretter qu’ils ne puissent pas lire dans mon cœur.

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