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58. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Je vois briller dans vos yeux ce feu qui nous annonce un esprit vif & saillant ; ressentez-vous ces élans qui nous appellent aux grandes choses ? […] S’il était possible de trouver un Français qui vit d’un œil indifférent l’Opéra-Bouffon, je me flatte qu’il me rendrait justice, & conviendrait que je n’avance rien qui ne soit très-facile à prouver. […] Le Spectacle moderne redevient admirable à ses yeux. […] Il nous fait parcourir les campagnes, nous arrête utilement devant une plante, un insécte, un grain de sable ; il nous en explique la construction, le méchanisme incompréhensible ; rien n’échappe à ses yeux pénétrans, il met son Lecteur à portée de discerner presqu’aussi bien que lui. […] Les Poètes de notre Spectacle me répondront peut-être qu’ils n’ont besoin que de jetter les yeux dans la boutique d’un Ouvrier, & que tous les jours ils ont occasion de les voir, de leur parler, par les différens services qu’on en retire, sans qu’ils aillent s’abaisser jusqu’à les traiter de camarades, jusqu’à boire avec eux.

59. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

 » Et dans le chap. 9. v. 8. « Détournez vos yeux d’une femme parée, et ne regardez pas curieusement une beauté étrangère.  […] Nous devons garder soigneusement nos yeux et nos oreilles. […] C’est pour ce sujet que je voudrais pouvoir reconnaître ces personnes ; mais encore qu’elles nous soient inconnues, elle ne peuvent néanmoins se dérober aux yeux du Verbe éternel : j’espère qu’il touchera leur conscience, et qu’il leur persuadera de sortir volontairement, leur faisant connaître qu’il n’y a que ceux qui se portent à faire pénitence, qui soient véritablement dans l’Eglise. […] Car ces péchés ne sont pas médiocres, puisqu’on y voit des femmes qui ont perdu toute honte, qui paraissent hardiment sur un Théâtre devant le peuple, qui ont fait une étude de l’impudence, qui par leurs regards et par leurs paroles répandent le poison de l’impudicité dans les yeux et dans les oreilles de tous ceux qui les regardent et qui les écoutent : enfin tout ce qui se fait dans toutes ces représentations malheureuses ne porte qu’au mal ; les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets même et les intrigues des Comédies, tout y est plein de poison, tout y respire l’impureté.

60. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Car ce divertissement est destiné presque uniquement pour les yeux. […] Consultons nos yeux, & faisons leur dire ce qui les choque ou ce qui leur agrée. […] Car, il n’est rien qui chocque si fort les yeux qu’un Danceur sans memoire ou sans adresse, qui pour se rendre à sa figure heurte son Compagnon. […] Enfin la mine, l’air, la grace, & tous ces talents agreables aux yeux, ne sont pas trop pour une personne qu’on veut employer au Balet. […] Les autres y sont épars avec tant d’art & tant d’agrément, qu’il n’y a que les yeux qui puissent satisfaire sur cette curiosité.

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