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271. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Ce n’est pas qu’il n’y ait des gens qui s’entretiennent haut lorsqu’ils sont seuls, & qu’on ne puisse en placer l’imitation sur la Scène : le Poète Regnard, dans son Distrait, fournit des exemples du monologue le plus naturel & le mieux employé : mais dans tout autre caractère, les occasions en sont rares : il doit du moins être court, comme d’une pensée, d’une affection, vivement & concisément exprimée. […] On porterait l’art, jusqu’à rendre insensibles les intervalles nommés entr’actes : il serait à desirer, que dans le peu de temps qu’ils dureraient, au lieu de la symphonie de l’Orquestre, on entendît, dans certaines occasions, derrière la Scène, soit un bruit confus, soit quelqu’autre chose analogue à ce qui s’y passe, & qui ferait présumer ce qui va suivre* ; ou bien qu’il se fît un silence profond, si l’entr’acte était censé un tems d’inaction, une nuit destinée au sommeil*, & qu’alors l’Orquestre imitât où le sifflement des vents, ou le ramage des oiseaux qui annonce le retour de l’Aurore : par ce moyen l’action ne serait pas autrement coupée que dans la nature… Mais en attendant que tout cela s’exécute, voici mes idées pour perfectionner l’usage présent. […] La Musique est l’art auquel tout se rapporte dans l’Opéra : on peut donc y sacrifier un peu de vraisemblance, & saisir toutes les occasions de faire entendre de beaux airs. […] On ne jouait pas habituellement les Comédies de Plaute, de Térence & des autres ; mais seulement à des Fêtes que les Grands donnaient au Peuple en diverses occasions. […] On imitera cette règle si sage à des Spartiates, qui donnait aux filles toutes les occasions de paraître & de faire briller leurs attraits ; mais qui voîlait les femmes, & les obligeait à vivre retirées & modestes.

272. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Habitués à saisir les grands rapports de la Société, ils verront d’un coup d’œil ce que le régime de la Comédie Française a d contraire au bien général & au développement du génie : ils verront dans la conduite des Comédiens envers le sieur Mercier, l’infraction la plus solemnelle aux droits d’un citoyen & à des réglemens enregistrés, & l’on ne peut pas douter que, dans cette occasion comme dans toutes les autres, ils ne s’empressent de donner aux talens, une preuve éclatante de la protection dont ils les honorent. […] Il faut donc répéter, d’après M. le Kain, que toutes ces questions de décence, élevées à l’occasion de ma piece, sont absolument étrangeres aux usages de la Comédie : d’autant plus qu’une affectation de rigorisme pourroit devenir trop voisine du ridicule. […] Quelle que soit d’ailleurs l’existence & l’autenticité de ces réglemens, ce qui vient de se passer à l’occasion de la comédie du sieur Palissot, prouveroit invinciblement la nécessité de les réformer.

273. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Et par consequent si Iesus-Christ nous commande d’arracher nos yeux lors qu’ils nous scandalisent, c’est à dire lors qu’ils nous sont occasion de peché par leurs mauvais regards ? Quoy Messieurs, & mes Dames, ne devez-vous pas de deux choses l’une, ou renoncer à l’Evangile, ou vous arracher les yeux, puisque tout ce qu’ils voyent sur le theatre & à la comedie, leur est une pierre de scandale, & une occasion de peché. Oüy, M. je l’ay dit, & je le soûtiens encore, que la comedie est une occasion prochaine au peché ; puisque par elle-même elle corrompt les sens, elle échauffe la concupiscence, & soûleve toutes les passions, l’amour, la haine, la vengeance, la cruauté, les desirs illicites, & tous les appetits déreglez s’excitent avec plaisir, parce que les objets émeuvent les puissances avec force ; & qu’une delectation morose qui est déja criminelle d’elle-même, est bientôt suivie du consentement de la volonté & de l’acte du crime.

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