Lorsqu’on fait dire à Aristote que l’objet de la Tragédie est de purger la Pitié ; on fait penser à un fameux Philosophe d’Athenes, qu’il faut endurcir les hommes, & purger leurs cœurs de la Compassion, c’est-à-dire, de cette Vertu qui sous ce nom Ελεος avoit à Athenes cet Autel qui fait tant d’honneur à la Grece, dont la Divinité n’étoit point représentée par une Image, parce qu’elle habite dans les cœurs, comme le dit Stace dans la belle description qu’il a faite de cet Autel, Nulla autem effigies, nulli commissa metallo Forma Deæ : mentes habitare & pectora gaudet. […] Martial nous parle de ceux où l’on voyoit un Promethée, ou un Orphée, réellement déchiré par des animaux, & un homme jetté vivant dans les flammes sous le nom d’Hercule.
Dans l’usage ordinaire, on prend le nom de Comédie pour toute sorte de poème dramatique ; c’est-à-dire, pour tous les ouvrages qu’on destine au Théâtre, soit Comédie, Tragédie, Tragi-comédie ou Pastorale. […] Le Parlement leur permit d’y continuer leurs représentations, à la réserve du Mystère de la Passion, et des autres Mystères sacrés, (ce sont les termes de l’Arrêt de 1548.) avec défenses à tous autres de jouer ou représenter aucune histoire, sinon sous le nom et au profit de cette Confrérie. […] De sorte qu’au lieu que le devoir d’un Chrétien, selon l’esprit de l’Evangile, est de mortifier en soi les passions et de les détruire ; au contraire, l’exercice ordinaire d’un Comédien est de les exciter en soi et dans les autres ; et pour faire aimer ces mouvements déréglés du cœur, et les rendre agréables, on les colore du nom de vertu, comme l’ambition et la vengeance de grandeur d’âme, le désespoir et l’opiniâtreté de constance invincible, ainsi du reste.
Les Pénitens sont trop galans pour ne pas les en dispenser ; on se contenta que leur auguste nom fût inscrit dans les registres, & l’acte de réception signé de leur main.