Ce n’est pas qu’il n’y ait des délassements et des plaisirs qu’on peut appeler indifférents : mais les plaisirs les plus indifférents que la Religion permet, et que la faiblesse de la nature rend même nécessaires, appartiennent en un sens à Jésus-Christ, par la facilité qui doit nous en revenir de nous appliquer à des devoirs plus saints et plus sérieux : Tout ce que nous faisons, que nous pleurions, que nous nous réjouissions, doit être d’une telle nature, que nous puissions du moins le rapporter à Jésus-Christ, et le faire pour sa gloire » « Or, sur ce principe, le plus incontestable, le plus universellement reçu, de la Morale chrétienne, vous n’avez qu’à décider. […] La Comédie ne serait donc nécessaire qu’à ceux qui se divertissent toujours, et qui tâchent de remédier au dégoût naturel qu’entraîne la continuation des plaisirs. Mais, comme cette nécessité ne vient que de leur mauvaise disposition qu’ils sont obligés de corriger, on peut dire que la Comédie n’est nécessaire à personne, et qu’elle est dangereuse à tout le monde. » « Eh ! […] Il nie que les représentations théâtrales soient nécessaires pour former le goût des Citoyens, leur donner la finesse du tact et la délicatesse du sentiment, ou qu’elles puissent jamais seconder la Morale, quand même l’on y verrait toujours le vice puni et la vertu récompensée. […] Comme la fréquentation des Spectacles et des lieux publics d’amusement, tend malheureusement à détourner les Peuples de l’attention qu’il leur est indispensable de donner aux moyens nécessaires pour la défense de leur pays et le maintien de leurs libertés : Arrêté que toutes personnes qui, exerçant un emploi quelconque sous les Etats-Unis, représenteront sur un Théâtre, y feront représenter, ou encourageront par leur présence ou autrement ces sortes de Spectacles seront jugées indignes de conserver leur emploi, et en conséquence destituée.
Ce n’est donc ni le besoin de la fable, ni l’instruction des spectateurs, encore moins l’intérêt de la vertu, qui fait mettre de la galanterie ; c’est le besoin du vice (affreuse verité) on ne met l’amour que pour l’amour, le vice seul le rend nécessaire au spectateur libertin : Trahit sua quemque voluptas. […] Quoique ces séparations ne soient point du goût de l’Evangile, il les tolere quand les excès des mauvais traitemens les rendent nécessaires ; mais pour peu de tems, dit l’Apôtre iterum revertimini . […] C’est un vice de climat : vraisemblablement il durera toujours, à moins que quelque heureuse révolution dans la mode, ne fasse abolir la comédie, que la frivolité & le vice sont parvenus à faire croire nécessaire. […] Le caffé nécessaire au pays des frimats, 6. […] Ce fruit n’est pas nécessaire au païs des frimats : il n’y a pas un siécle qu’on y en a usé : on en a usé de tout tems, & on en consomme incomparablement plus au midi qu’au nord, où ce n’est qu’une liqueur de fantaisie.
Il est aussi nécessaire aux graces ; les vastes états s’étendent depuis le cou jusques aux genoux ; la tête n’est que la capitale de la monarchie ; l’art de se vêtir est des plus nécessaires, bien plus que de faire des vers, de peindre, de jouer des comédies : il doit obtenir le même degré d’estime & de considération. […] Cette célebre compagnie est entrée dans les vues de ce grand homme, & dans son certificat a déclaré authentiquement, que dans les combinaisons à faire pour couper les différentes pieces d’un habit quelconque, qui sont la plupart d’une figure irréguliere, & les couper avec moins de perte possible d’étoffe, les principes de la géométrie sont nécessaires, & qu’à l’exemple du Peintre le Tailleur doit diviser l’étoffe en carreaux, savoir combien de carreaux sont contenus dans chaque piece, & compasser les morceaux volans , ou volés, qui restent après la coupe, qu’on appelle déchet ; il doit connoître aussi toutes sortes d’étoffes, leur fabrique, leurs tissus, pour en prendre le droit fil , &c. […] Il faut autant de géométrie pour couper le cuir d’un soulier que pour tailler l’étoffe d’un habit ; l’anatomie du pied est aussi nécessaire pour lui adapter le soulier avec précision & élégance, que l’anatomie du bras pour faire une belle manche ; la chaussure hébraïque, grecque, romaine, chinoise a des variétés infinies, qu’on ne peut bien rendre sans être un habile antiquaire : on ne peut sans injustice refuser la couronne académique au Cordonnier costumier. […] Ainsi le crime étoit adoré, & reconnu nécessaire à leur culte.