Mais comprend-on comment on pouvoit entendre les acteurs & la musique, voir les danses & les gestes, suivre le fil de l’intrigue, le dénouement de la piéce ; car pour les graces des actrices, l’architecture savante des boucles des cheveux, la fraîcheur du rein ; il faudroit un télescope de Londres, au milieu de cette cohue, de ce cahos qui étourdit, qui fatigue, qui assomme l’esprit, l’imagination, les yeux, les oreilles, & fait rire de l’adulation ; qui y trouve un sentiment délicat, & y admire l’éclat des talens & des arts ?
La mollesse, la dissolution, la licence des gestes, des mouvements du corps, les vers, la musique, les instruments, dont on fait honneur à Apollon, aux Muses, à Minerve, sont le culte religieux qu'on rend aux Divinités de la débauche.
» Il a regardé les Spectacles avec leur appareil, comme choses si dangereuses au salut et à la perfection chrétienne, que dans les Règles qu’il donne aux Filles de la Visitation, il retranche de leur Service d’Eglise tout chant, toute musique, tout instrument, et tout ce qui peut ressentir les Spectacles en dévotion. […] « Il est vrai, dit-il, qu’on joue en des temps saints, comme les jours de Fête et de Dimanche, et pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens ; ou, pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles et la Comédie, ce semble, devraient être défendus. […] dans ce saint temps, qui, de l’aveu même du Docteur, est consacré à la pénitence, qui est un temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, et auquel la Musique doit être importune, suivant le langage de l’Ecriture ; dans ce saint temps, dis-je, il sera permis d’aller à la Comédie et de la jouer tous les jours ?