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96. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Il joua un tour à un Archevêque ; il l’invita à dîner, & ensuite le conduisit, sans l’en avertir, dans une salle où étoit le théatre & des Comédiens tout prêts, qui avoient le mot. […] Ce mot Gascon fenetra est corrompu du Latin feretra. Il vient, non des deux mots ferre extra, comme le veut le sieur Rainal, Histoire de Toulouse, mais du mot feretrum, au pluriel feretra, qui signifie biere, cercueil. […] On ne prononce pas, même par jeu, les vilains discours, les mots sales du peuple ; & on prononce des blasphèmes & des impiétés ; on ne se permettroit pas des actions naturelles dont la dégoûtante bassesse blesse l’honnêteté, & on se permet les crimes qui blessent la religion, l’honneur & la probité ; on rougit de paroître avec des habits sales, déchirés, avec de misérables haillons, & on se montre avec une conduite honteuse, scellérate, méprisable. […] Garrik a fait un ouvrage très-bon en son genre sur son art ; il y donne des règles pleines de délicatesse, de goût & de vérité, pour rendre toute sorte de personnages & prendre sur le champ les plus légères nuances des sentimens où chaque mot, chaque action, chaque situation, chaque événement peut mettre l’Acteur, & pour écarter tout ce qui pourroit trahir le mensonge & décéler la vérité.

97. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Que si quelques lois semblent avoir été un peu sévères à ceux qui exercent cet art, il faut croire que ces lois en ont voulu condamner l’abus et non pas l’usage : et à le prendre à la rigueur le mot de Comédien n’est point exprimé dans ces lois. […] En un mot, ce serait faire un affront à la nature qui nous inspire insensiblement ces desseins. […] En un mot il faut détruire la Nature dans tous les ouvrages de laquelle il se rencontre quelque image de plaisir et de volupté. […] Après avoir porté cette botte franche que les adversaires de GUILLOT-GORJU ne peuvent parer, il triomphe ici en un mot du reste de leurs faibles raisons, alléguant que si la Comédie n’était suivie d’une farce, elle serait plus tolérable.

98. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

En un mot, les Poètes les plus sérieux qui n’écrivent pas des choses saintes, entretiennent ou l’orgueil ou la sensualité. […] Car en un mot les Livres ne nous éclairent point par eux-mêmes ; et ceux qui pensent plus qu’ils ne lisent sont toujours les plus habiles. […] Ils se remplissent la tête de certains mots et de certaines figures, ils cousent diverses pensées des Auteurs qu’ils ont lus, ils apprennent par cœur avec bien de la peine, et puis vont débiter ce qu’ils appellent une Harangue, ou un Sermon. […] Théodore, ce qu’on appelle raison et justice, ne sont que des mots pour ces gens-là : ils prétendent qu’il n’y a rien de plus innocent que leur curiosité ; et ils regardent celui qui n’est pas de leur goût comme un esprit singulier.

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