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29. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

Si j’entreprens de vous en dissuader la frequentation, vous ne me sçauriez voir de bon œil, & ma morale ne flattera pas vos oreilles, puisqu’elle devra tendre à ne vous pas permettre, ce qui est si agréable à l’ouïe : & peut être l’esprit & le cœur s’y revolteront, puisque je serai obligé de les piquer en ce qu’ils aiment, & le Sage m’apprend, Ecclesiastici 22. […] Par quel principe de morale vôtre Confesseur oseroit-il vous permettre, que vous alliassiez l’usage de la sainte Communion avec le divertissement de la Comedie ; lors qu’il sçait que Salvien ce grand Prêtre de Marseille se servît de toute son eloquence à faire des invectives aux Chrétiens du cinquiéme siécle ; lesquels firent par une bizarre reconnoissance representer à l’honneur de Jesus-Christ les spectacles du Cirque & du Theatre ? […] Leur morale s’addressa à tous états, à tous esprits, & à toutes sortes de caracteres : car ils ne distinguerent ni qualité, ni conditions, ni temperamens, ni dispositions du cœur. […] Vous trouverez peutêtre un certain nombre de gens libertins, amateurs d’eux-mêmes, & Idolatres de leurs plaisirs, qui ne suivront pas la morale, que les Saints nous enseignent : mais je vous donne des guides dont les voies sont droites, & des garans, fur qui seuls vous pouvez vous reposer de vôtre conscience, de vôtre ame, & de vôtre éternité.

30. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Où sont donc les vertus, où est la bonne morale de Moliere ? […] Mais la morale des deux Prélats est la même, quoique moins durement expliquée par Fenelon. […] Comme si l’austérité, qui ne doit pas même être le fondement de la morale. […] Cette morale est elle nuisible ? […] La morale de Moliere n’est pas celle du Christianisme, ce n’est pas même celle de l’honnête homme.

31. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

La morale ayant fait dans leur cœur de si grands progrès ; après qu’ils auront admiré Socrate, Caton, Cicéron et tous les sages de l’Antiquité Païenne, peut-on s’imaginer qu’il ne sera pas plus facile alors de leur faire admirer les vertus des Héros et des Martyrs du Christianisme ? […] veut-il renoncer à hâter les progrès de la Morale, s’il n’est pas sûr de faire aussi bien en faveur de la Religion et de la piété ? […] Gresset dit : qu’il voit sans nuages et sans enthousiasme que les Lois sacrées de l’Evangile et les maximes de la Morale prophane, le Sanctuaire et le Théâtre sont des objets absolument inalliables. […] Je vois au contraire et je suis intimement persuadé que plus un homme sera honnête homme, plus il sera persuadé des vérités de la Morale, plus il sera facile d’en faire un bon chrétien ; comme il est impossible qu’un vrai Chrétien ne soit pas honnête homme. […] Gresset peut-il dire que les maximes de l’Evangile sont inalliables avec l’art du Théâtre ; ne représente-t-on pas avec succès dans les Collèges des sujets tirés de l’Ecriture, n’en représente-t-on pas sur nos Théâtres publics ; l’Evangile n’a-t-il pas fourni le sujet de l’Enfant prodigue, y a-t-il donc dans la morale de cette pièce quelque chose de contraire à la morale du Christianisme, les Espagnols n’ont-ils pas leurs Auto Sacramentalesd  ?

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