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3. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

E n réfléchissant sur tout ce que j’ai dit au sujet du Spectacle moderne, on s’appercevra sans peine que la plus-part de ses Poèmes, fondés sur les règles qui constituent les Drames en tout genre, s’écartent assez souvent de ces règles si èssentielles. […] Il faut au Spectacle moderne un genre qui lui soit propre ; eh, bien ! que ce soit celui de peindre la Nature ; mais d’adoucir ce qui pourrait révolter : ne confondons point le Théâtre moderne avec celui des baladins où tout est permis. […] Ceux qui se sont apperçus des défauts du Spectacle moderne, n’auront pu s’empêcher, en le condamnant, de convenir du mérite de ses Acteurs. […] Si mes vœux étaient remplis, la gloire du Spectacle moderne & de ses Auteurs en deviendrait plus éclatante, plus réelle, & le goût de la Nation serait justifié.

4. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Il est inutile de rapporter tout ce que tant de sages Ecrivains ont dit contre l’abus de cette passion devenue le mobile du Théâtre moderne. […] Les Modernes, au contraire, n’ont adopté que le faible de cette passion, qui, dans ce point de vue, n’est propre qu’à corrompre, comme nous l’avons dit ; et il y a même cette différence entre les Modernes et les Anciens, que les Anciens n’ont mis l’amour sur leur Théâtre que très rarement, et que les Modernes en ont fait le motif principal et le fondement de toutes leurs fables. […] On pourrait regarder comme une espèce de nouveauté l’amour que les Modernes ont introduit dans la Tragédie ; puisque, suivant ce qui a déjà été dit, on ne le trouve que très rarement dans les Tragédies Grecques ; mais, pour ce qui regarde la Comédie, nous ne savons que trop combien est ancienne la méthode de la faire rouler sur l’amour. […] Je suis surpris qu’il n’arrive pas au Théâtre moderne ce qui arriva à celui d’Athènes, où les Spectateurs, ennuyés d’entendre depuis longtemps des chansons Dionysianes, crièrent tous unanimement, plus de Bacchus, plus de Bacchus ; et que notre Parterre ne se mette pas à crier, plus d’Amour, plus d’Amour. […] Si le Théâtre moderne avait commencé par la passion d’amour, je suis persuadé qu’on l’aurait étouffé dès le berceau.

5. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Parallèle du Poème épique avec les Pièces du nouveau genre. » pp. 107-112

Le Public s’appercevrait alors de quelques changemens dans le nouveau Théâtre ; il avouerait qu’il est encore possible d’augmenter son estime pour le Spectacle moderne. […] Quelques Pièces du Spectacle moderne sont semblables au Poème épique. […] Plusieurs Pièces du Théâtre moderne me confirment dans cette bizarre idée. […] Le Poème épique contient beaucoup de Personnages subalternes ; les Pièces du Spectacle moderne en sont remplies. […] Enfin un dernier trait achèvera de prouver la ressemblance des Drames modernes avec les chefs-d’œuvres des Homère & des Virgile.

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