Quelques modernes, en petit nombre, ont imité les anciens, mais ils les ont presque toujours surpassés dans leurs copies, & alors même on ne doit imputer leur traduction qu’à une certaine paresse dont le génie le plus actif secoue le joug difficilement.
Les autres vous diront peutêtre, que les spectacles modernes ne sont pas si infames & si libertins comme du tems de ces saints Oracles de l’Eglise ; ou que les piéces, qu’on joue au Theatre, n’ont rien de cette indecence, qu’elles avoient autrefois.
Et toutefois il y a là une grave erreur ; car si l’on suit avec attention l’histoire dramatique des siècles postérieurs, il devient évident que c’est par une fâcheuse méprise qu’on a cru voir le berceau de nos comédiens modernes parmi ces troupes d’histrions anathématisés dès les premiers âges de l’ère chrétienne ; qu’on ne peut, sans mauvaise foi, les regarder comme les successeurs de ces derniers, et qu’il serait tout au plus permis de considérer comme tels ces acteurs en plein air, dont les parades précèdent dignement la représentation en cire de la Chaste Suzanne ou du Jugement de Salomon.