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422. (1674) Le Theâtre François pp. -284

La Tragi-Comedie nous met deuant les yeux de nobles auantures entre d’Illustres personnes menacées de quelque grande infortune, qui se trouue suiuie d’vn heureux euenement. […] On punit L’Imprimeur qui oze les mettre au iour, & le Libraire qui oze les debiter : mais on ne s’en prend pas à ceux qui sont innocens du crime, & l’infamie d’vn particulier ne rejallit pas sur le public. […] Ces articles mis à part, ce qui reste de liquide est partage sur le champ, & chacun emporte ce qui luy conuient. […] Depuis peu on les met dans vne des Loges du fond, d’où ils font plus de bruit que de tout autre lien où on les pourroit placer. […] Tout ce qui regarde l’embellissemẽt du Theâtre depend de leur fonction ; & il est necessaire qu’ils entendent les machines pour les faire joüer dans les pieces qui en sont acompagnées, quand le machiniste les a mises en estat.

423. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Suivons-la sur les divers tretaux où elle s’est montrée ; un détail de divers rôles qu’elle a joué les mettra sous les yeux ; l’amour du théatre renverse jusqu’aux têtes couronnées. […] Enfin on se sépara au grand contentement de toute la Suède, elle mit à sa place son successeur présomptif aux acclamations de toute la nation, celui-ci fit semblant de refuser, recula de quelques pas, protesta qu’il seroit inconsolable de l’éloignement de sa bienfaictrice, qu’elle gouvernoit toujours encore plus que lui ; en un mot fit toutes les grimaces de la modestie, accepta pourtant malgré lui ce qui lui tardoit de tenir ; elle partit. […] Ce contraste seul en est une, mais à la honte de la Religion aussi déplorable que risible ; un Religieux la complimentant crut beaucoup la louer en lui disant qu’elle seroit mise entre les Saints à côté de Sainte Brigitte, Reine de Suède ; comme elle se moqua de cet éloge assez peu convenable en effet : J’aime mieux , lui dit-elle, être parmi les sages que parmi les Saints. […] Le théatre eut-il jamais de tragédie aussi bisarrement atroce, & si jamais quelque Shakespear s’avisoit de mettre Christine & Monal Deschi sur la scène, ne craindroit-il pas de se déshonorer & de révolter tout le parterre, ne fut-il composé que des cannibales, s’il faisoit venir un Mathurin donner l’absolution à cet amant infortuné par l’ordre d’une si barbare & si ridicule Héroïne. […] Elle parla fort & d’une manière fort libertine contre le mariage & les dévotions de Rome, elle avoit entendu parler des amours du Roi pour la Mancini, nièce de Mazarin ; elle alloit toujours se mettre entre le Roi & elle pour leur parler de leurs amours, leur disant qu’il falloit les marier ensemble, qu’elle vouloit être leur confidente : A votre place , disoit-elle au Roi, j’épouserois une personne que j’aimerois.

424. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Car, pourquoi, dirais-je, mettre ma conscience au hasard dans une chose aussi vaine que celle-là, et dont je puis si aisément me passer ? […] disait-il, des maximes qui feraient horreur dans le langage ordinaire, se produisent impunément, dès qu’elles sont mises en vers ! […] Un métier par lequel il se donne en représentation pour de l’argent, se soumet à l’ignominie et aux affronts qu’on achète le droit de lui faire, et met publiquement sa personne en vente. […] Son plus grand soin est de tourner la bonté et la simplicité en ridicule, et de mettre la ruse et le mensonge du parti pour lequel on prend intérêt. […] Or, mettez à l’alambic tous les Opéras, vous n’en retirerez jamais que cette maxime retournée en mille façons différentes… On a beau dire que ce que l’on entend à l’opéra, entre par une oreille et sort par l’autre.

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