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93. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Gresset dit : qu’il voit sans nuages et sans enthousiasme que les Lois sacrées de l’Evangile et les maximes de la Morale prophane, le Sanctuaire et le Théâtre sont des objets absolument inalliables. […] Gresset a eu en vue lorsqu’il dit qu’au Théâtre on se laisse entraîner à établir des principes qu’on n’a point, et qu’un vers brillant décide d’une maxime hardie, scandaleuse, extravagante. […] Gresset n’ignore pas que notre Police rigoureuse et sage, non plus que nos scrupuleux Censeurs ne souffrent point dans une pièce de Théâtre l’exposition d’une maxime hardie encore moins d’une pensée téméraire, scandaleuse, extravagante, et que toute la rigueur de la justice s’appesantit sur ceux des Auteurs qui osent publier des impiétés, quelqu’heureux, quelque sonores, quelqu’éblouissants que soient les vers qui les expriment. […] L’oisiveté serait mille fais plus dangereuse pour vous, le temps où l’on cesse d’être occupé, est précisément celui que le Démon attend pour vous tenter. » Je crois que personne ne trouvera trop de relâchement dans cette doctrine de mon Confesseur, si ce n’est un de ces Enthousiastes qui par la rigueur de leur discipline offraient les âmes faibles, les font désespérer de leur salut, et par l’outrance de leurs maximes en font souvent des incrédules au lieu d’en faire des justes. […] Je ferais moi-même la victime de cet avis, puisque je n’ai pas d’autre ressource ; mais je conseille pour l’avenir de ne plus faire d’Elèves pour le Théâtre qui ne soient nobles et à qui leur famille donne une assez bonne éducation, pour qu’ils ne démentent point par leur conduite les belles maximes qu’ils seront chargés d’introduire dans le cœur de ceux qui viendront les entendre.

94. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Une chose est agréable, ou le paraît ; et parce qu’elle est agréable, on l’aime ; et parce qu’on l’aime, on se figure qu’elle est bonne ; et à force de se le figurer, on s’en fait une espèce de conviction, en vertu de laquelle on agit au préjudice de la conscience et malgré les plus pures lumières de la grâce : or appliquons cette maxime générale aux points particuliers, surtout à celui que je traite. […] Je ne dis pas que ç’a été leur morale dans un temps, et qu’elle a changé dans un autre : de siecle en siecle ils se sont succédés, et dans tous les siecles ils ont renouvellé les mêmes défenses, débité les mêmes maximes, prononcé les mêmes arrêts. […] Excès dans le temps qu’on y emploie, excès dans la dépense qu’on y fait, excès dans l’attachement et l’ardeur avec laquelle on s’y porte, tout cela contraire aux regles de la vraie piété et aux maximes éternelles de la loi de Dieu. […] Importante maxime que je voudrois pouvoir bien imprimer dans l’esprit de tant de grands et de tant d’autres ! […] Or à combien plus forte raison cette grande maxime doit-elle vous servir de regle à l’égard de vos divertissements ?

95. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VII. Le mariage dans les Comédies n’est que le voile de ce vice. » pp. 13-14

Si cela est, plus l’union conjugale sera formée par des motifs purs & saints, plus les applaudissemens doivent lui être prodigués ; plus elle s’écartera de ces maximes si religieuses, plus les suffrages doivent être contre elle.

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