On projeta une procession lugubre au milieu des masques qui couroient les rues : les capucins & les oratoriens entrerent dans ce pieux complot. […] C’est le masque de l’Abbé de Montempuis, qui s’habille en femme pour aller à la comédie sans être connu : son déguisement même le fit connoître. […] Le vice n’est pas pou-elle un masque, il est dans le cœur, est dans toutes les allures ; c’est lui qui parle en elles & qui agit. C’est la vertu qui est un personnage dont on prend le masque, & qu’on quitte dans la coulisse.
Car je tiens que ces deux choses ne diffèrent qu’en ce point que la Cour est une Comédie véritable et la Comédie est une Cour feinte, et en l’une et l’autre Scène ce n’est que masque et folie ; Ils eurent beau m’alléguer qu’il s'y trouvait de toute sorte d’Ecclésiastiques même des Religieux et qu’il ne se représentait rien devant leurs Majestés qui ne pût être représenté dans une Eglise tant la modestie et la gravité y étaient observées. […] Un des plus grands plaisirs de la Scène c’est quand il arrive par le cours de l’action que quelqu’un de ceux qui l’aiment doit être son mari, car alors sans feinte, sans masque et sans déguisement ils la courtisent sur le théâtre et font voir clairement avec combien de passion ils adorent cette beauté, et elle relevant son teintg et baissant ses yeux augmente sa beauté par sa pudeur et sa modestie : et en même temps elle est aimée de tous les spectateurs comme une vivante image de vertu.
Par un Passage de Platon, dans le second Livre des Loix, par les Vases Etrusques sur lesquels on voit des cothurnes & des masques, & par Varron qui nomme un Poëte qui avoit fait des Tragédies Toscanes ; on juge que les Spectacles Dramatiques furent très-anciens dans l’Italie : mais les Romains peu curieux des amusemens de l’Esprit, les ignorerent pendant plusieurs Siécles. […] Cette sagesse qu’exigeoient les Magistrats ne dura pas toujours : mais les Acteurs des Attellanes conserverent toujours le privilége de n’être point regardés comme Histrions, tanquam expertes ludicræ artis ; on ne pouvoit, lorsqu’on étoit mécontent de leur jeu, les obliger d’ôter leurs masques, affront que le Peuple faisoit aux autres Comédiens. […] Néron qui exécutoit sous le masque, des rôles de Tragédies, institua les jeux Neroniens : & Domitien, qui se disoit Fils de Minerve, institua les jeux Capitolins.