NOUS avons vu en bien des endroits de cet ouvrage, combien l’amour, qu’on a la fureur d’introduire dans toutes les piéces de théatre, est dangereux pour les mœurs, & contraire au bon goût ; j’ajoute qu’il y est ordinairement ridicule, accompagné de circonstances, qui en forçant la nature, & choquant la vraissemblance, le rendent absurde ; mais on pardonne tout à l’amour, de quelque maniere qu’il se présente, il est toujours bien reçu, il faut à quelque prix que ce soit lui trouver par-tout une place. […] C’est au gènie de l’auteur à mènager des épisodes, à amener des circonstances, à prolonger ou à abreger le discours, à faire paroître ou disparoître à propos des acteurs, pour trouver d’une maniere naturelle une durée convénable.
Ce mot vient du théatre, ou la maniere de se moquer des auteurs & des acteurs, c’est de les sifler. On se sert de siflets ; tout le monde ne fait pas sifler de la bouche, & cette maniere de sifler est fatiguante ; on a ajouté à sifler la syllabe per : ce qui allonge le mot, & lui donne plus d’énergie, il en ôte même l’équivoque.
Mais c’est ici l’ouvrage d’un Académicien, d’un historiographe, qui nous montre de quelle maniere il écrira l’histoire, & quelles loix d’équité & de décence il y suivra par celles qu’il suit dans l’esquisse de son ouvrage, qu’il donne sous le voile transparent du nom & de l’annonce d’un Libraire avide. […] Aussi n’a-t-il fait que copier la Faille & Dom Vaissete, ou plutôt les defigurer par son style, & sur-tout en supprimant, en altérant des faits, les tournant à sa maniere, & ce qui est encore pire, y sémant l’irréligion & le mépris pour l’Eglise, selon l’esprit du siecle, en cela bien opposé à M. la Faille & au savant Bénédictin, qui par-tout respectent la religion & les mœurs, & montrent du zele & de la piété, & même aux Toulousains, qui jusques dans ce siecle philosophique avoient toujours eu beaucoup de religion.