Regarde le malheur de Brute et de Cassie : La splendeur de leur nom en est-elle obscurcie ? […] L’imagination, également remplie de carnage, dont on vient de voir le tableau, rend le spectateur cruel, féroce, rebelle, indépendant ; il verrait de sang froid les séditions et les meurtres, il y prendrait part, et malheur à l’autorité souveraine, si jamais des calamités publiques la rendaient faible ou douteuse ; elle trouverait dans le peuple dramatique des ennemis secrètement armés contre elle par leur goût. […] Je verrai Rome en proie aux plus cruels malheurs, D’une tremblante main flatter la tyrannie, Ne gémir qu’en secret de la voir impunie, J’entendrai ses soupirs, et lâche citoyen, Pour venger mon pays je n’entreprendrai rien !
Ainsi quand ils n’avaient assez bien joué au gré de ce Prince des ténèbres, il apparaissait à quelqu’un, et lui commandait d’en avertir le Magistrat, afin de recommencer et rhabiller les fautes, menaçant de peste et de tout malheur, si on y faillait. […] » Ce sont les propres mots de Salvien Evêque de Marseillelib. 6 cu , qui impute tous les malheurs, qui de son temps accablaient une partie de la France, à telles impuretés, et dissolutions : et tant s’en faut, qu’on l’appelât Docteur de nouveauté, ou fantasque ; que Gennadius, Suidas, Trithemiuscv, et autres, l’appellent le Maître des EvêquesSozom. li. 5 c. 16 cw . […] Je prie le lecteur de la lire sur le lieuew, et désirerais bien, que quelques-uns considérassent cette sévère mais très juste répréhension, que cet Evêque-là fait, sur la fin de ce 6. livre, à ceux de Trèves, qui après la ruine de leur ville, après des massacres, et autres malheurs, présentèrent requête aux Empereurs, pour avoir permission de célébrer des spectacles ; prononçant, que ceux qui faisaient cette demande à leurs Princes, étaient plus malheureux à cause de la pe rte de leur sens et entendement, qu’ils montraient en cela, qu’à cause de la perte de leurs biens et parents, perdus par la guerre.
Si elle met la vertu à une rude épreuve par une longue suite de malheurs, elle finira par la couronner. […] C’est ainsi que les anciens Tragiques entreprirent quelque fois de guerir la crainte trop naturelle aux hommes, en apprivoisant leurs yeux au Spectacle des malheurs les plus redoutés, pour armer leur cœur de courage & de patience contre des maux ordinaires & plus legers. […] Trop infortunée Melpomene, vous pleurez les malheurs d’autrui : il est tems de pleurer les vôtres. […] Quoi, vous vous arrogez le droit de juger souverainement de la Poësie & de l’Action, que vous n’avez pas le malheur d’approfondir par état, & que plusieurs de vous ignorent.