Au surplus, quand je dis qu’il m’eût été facile de convaincre mon adversaire, qu’il raisonne plus mal sur la Théologie, ou du moins plus dangereusement qu’il ne fait sur la Comédie, je ne prétends point parler de Controverse, ni attaquer les Religions adoptées.
Et écrivant aux Ephésiens : Qu’on n’entende point parmi vous de paroles sales, de railleries ni de bouffonneries ; elles ne sont pas bienséantes en la bouche des chrétiens, qui sont obligés d’être saints, et ne permettez pas qu’on vous flatte trompeusement, vous disant qu’il n’y a pas grand mal, car ces propos attirent la colère de Dieu sur ceux qui lui désobéissent9.
Le théatre ne fit-il d’autre mal que de lever cette utile barriere, il est de l’intérêt public de ne pas le souffrir. […] Il a mal consulté le goût commun des hommes. […] Un Avocat comédien défendroit mal sa partie, & affoibliroit auprès des Juges les meilleurs moyens de sa cause. […] Le souverain Juge ne l’admet point à son tribunal ; la toilette y plaideroit mal notre cause. […] Je sais bien que les Phœdres, les Sémiramis, les Cléopatres, les Messalines, les Armides, les Angéliques, sans compter les Déesses Venus, Diane, Junon, Flore, &c. en un mot toutes les Héroïnes du théatre dans le tragique les Isabelles, les Eléonor, les Lucile, &c. dans le comique, pensent différemment, & que celles qui jouent leurs rôles croiroient manquer au Costume, perdre une partie de leurs graces, & rendre mal leur personnage, si elles ne prennoient les sentimens, & n’imitoient la conduite des Princesses qu’elles représentent.