[FRONTISPICE] Instruction CHRESTIENNE, Touchant des spectacles publics Des Comœdies & Tragœdies : où est decidée la question, s’ilz doibvent estre permis par le Magistrat, & si les enfans de Dieu y peu-vent assister en bonne conscience ? […] J’espère que les Magistrats Chrétiens seront émus d’une sainte jalousie, et ne voudront pas que les Païens se lèvent contre eux en jugement : et que les fidèles prendront mieux garde à leurs pas, et à la conduite de leur vie, pour être imitateurs de Dieu, comme chers enfants, et ne se plaire plus à l’imitation de choses indécentes. […] Mais la plus grande difficulté reste à combattre, pource qu’on ne démord pas facilement de cette opinion, que le passe-temps, et le plaisir qu’on prend, ès jeux publics des comédiens mercenaires, qui en ont la permission du Magistrat, ne doit pas être blâmé : et non seulement cela, car il y en a qui passent plus outre, qu’il est utile et profitable, au public, et aux particuliersam. […] Par quoi, les Magistrats Chrétiens sont obligés d’y prendre garde pour leur propre salut, et pour le salut de leurs peuples, duquel aussi ils seront responsables.
Nous serions insensés, et nous et toute notre Cité, si on vous admettait auparavant que les Magistrats eussent vu vos Compositions, et jugé de ce que vous avez à dire à notre peuple »at.Ce sont les propres mots de cet excellent Auteur, d’où on peut recueillir combien il tenait préjudiciable à une République d’y endurer des Théâtres. […] au : Car il recommande qu’on retienne les enfants en leur âge tendre de voir les Comédies : et en général, veut que le Magistrat empêche tous Spectacles, où il se die et fasse rien de déshonnête, vu que de l’ouïr et le voir, on passe aisément à le faire. […] az , qui savait sur le bout du doigt toutes leurs Antiquités, que lorsqu’il se bâtissait un Théâtre en la ville de Rome, les Censeurs, qui étaient des Magistrats publics, établis pour réformer les abus, le faisaient tout aussitôt démolir, voulant « pourvoir aux mœurs, et prévoyant qu’il y aurait grand péril que la lasciveté ne s’y fourrât » (nous dit cet Ancien). […] Il s’agit de l’Instruction chrestienne touchant les spectacles publics des comédies et tragédies, où est décidée la question s’ilz doibvent estre permis par le magistrat (...)
Après les premiers désordres d’une licence rustique, qui sur les tombereaux de Thespis furent dans la Grèce le germe du théâtre, le spectacle ayant pris une forme régulière, fut assez châtié du côté des mœurs, et n’alarma les Magistrats que par la licence de la satire.