Le sieur de la M… a cruellement abusé de votre patience, Mademoiselle, il auroit dû ménager d’avantage la délicatesse de vos oreilles ; les Tragédies de Corneille vous ont fait aimer la précision ; c’est un goût qui mérite des égards, & vous pouvez les attendre de moi.
Cette foiblesse fait tout le mérite de Zaïre ; quoique cette piéce soit plutôt un Roman versifié qu’une Tragédie, elle a paru avec un succès surprenant, grace à la dépravation de notre siécle ; au lieu que Pertharite cédant son Royaume au Duc de Benevent, pour retirer son épouse, a déplu sur le Théâtre, la qualité de bon mari, étant, dit l’Auteur1, une foiblesse ridicule, incapable d’intéresser le parterre.
Et saint Basile dit encore sur le même sujet : « C’est pour notre avantage, et pour notre utilité, que nous faisons avec solennité la mémoire des Martyrs ; car ils n’ont pas besoin de nos louanges, qui ne répondent jamais à leur mérite ; et ils ont une entière félicite, et une parfaite gloire en Dieu, dont ils jouissent ; mais c’est nous, qui avons besoin de nous représenter la conduite qu’ils ont tenue, pour parvenir à l’état bienheureux qu’ils possèdent ; afin de nous rendre dignes, par l’imitation fidèle de leur vie, de participer un jour à leur bonheur. » In serm. de Gordio mar.