Les Comédiens de profession ne s’aviseront pas d’en faire l’épreuve ; et, s’il s’en trouvait qui y pensassent sérieusement et qui voulussent l’exécuter, ils verraient bientôt leur Théâtre désert ; et, à l’exception d’un petit nombre de personnes sages et raisonnables, tout le monde se moquerait d’eux et les abandonnerait : la misère suivrait de près leur entreprise ; et, s’ils n’avaient pas la constance de la souffrir patiemment, ces mêmes Comédiens, si bien intentionnés, se trouveraient réduits à la nécessité de revenir à leur ancienne méthode, et peut-être avec plus de licence et de désordre qu’auparavant, pour se dédommager du tort qu’ils se seraient fait à eux-mêmes par leur sagesse, et par leur retenue.
Le nom de Henri a été le passe-port de la licence : on l’étaye encore, contre toute sorte de vraisemblance ; par les ordres d’un Prince dont le pere est mort à Sainte Génevieve en odeur de sainteté. […] Le geai ne se voit pas sans peine dépouillé des plumes du paon : il en est pourtant qui ne sont couvert que de haillons par l’imitation maussade qu’on en a faite, & la licence dont on les a chargées, que l’original ne se permet pas, & qui en donne des idées défavorable très-injustement. […] Cet homme de génie a des beaux traits, des pensées sublimes, des sentimens nobles, des situations touchantes semées çà & là : mais une infinité de bassesses, de bouffonneries, des licences du plus bas comique, des horreurs dégoutantes, des attrocités révoltantes, qui l’emportent infiniment sur ce qu’il a de bon. […] Peres (expression basse & indécente, mais propre à son style frondeur), frappées d’anathême par les Papes, & abolies par nos Rois, parce qu’elles précipitoient dans une licence effrenée.
Si les Auteurs & les Acteurs s’abandonnent à la licence par goût, les spectateurs n’en sont pas moins coupables ; il ne tient qu’à eux de les corriger. […] La licence du siecle, la corruption des mœurs, l’indifférence pour la religion, réduite presqu’aux seules bienséances, sont les fruits nécessaires du spectacle. […] Il dit assez durement, mais avec trop de vérité : Je pense que la licence du théatre est la perte très-certaine des bonnes mœurs parmi les Chrétiens. Quelques partisans de la licence qui s’efforcent d’en faire l’apologie, se laissent aveugler par la mauvaise coutume trop répandue de toutes parts.