ce cri armé de tous les traits de l’éloquence, n’est-il pas le cri de la patrie, qui venge l’honneur & les bonnes mœurs sacrifiées aux licences de telles scenes, qui accoutument les yeux du Peuple à des horreurs qu’il ne devroit pas même connoître, & à des forfaits qu’il devroit regarder comme impossibles ? […] Je fais une remarque : je suis un des premiers Poëtes qui en parlant des drames, ait averti d’en bannir la licence. […] C’est sur ces morceaux extravagants que nos femmes se pâment d’admiration : voilà quel est ce Théatre qu’on fréquente chaque jour, qu’on applaudit, qu’on éleve jusqu’aux nues… puisqu’on tolere de telles licences, que ne devons-nous pas attendre à voir représenter ?
Ces cinq autorités, qui n’en font qu’une, les seules qu’on trouve pour ou contre pendant cinq ou six siecles d’ignorance, semblent traiter le théatre comme une chose indifférente, qui ne devient mauvaise que par les circonstances de la licence, de l’assemblée, du temps, du lieu, ce qui suffiroit pour proscrire le nôtre, où toutes les circonstances les plus dangereuses sont rassemblées avec le plus grand art. […] Il se plaint cependant qu’il commençoit à s’y glisser des abus, qu’on s’y donnoit bien des licences, qu’on y exposoit la vie en dansant sur la corde : Repræsentationes quæ fiunt hodie. […] L’air enjoué, le ton d’insinuation, la vivacité de la passion, le goût des spectateurs, la licence des Acteurs, l’immodestie des Actrices, le fonds du sujet, les épisodes, les intermèdes, &c. tout en fait un poison mortel.
Toute licence estoit criminelle.