Car, « Ce que dans la jeunesse on prend de liberté, Ne se retranche pas avec facilité. » Voici donc les maximes que ce Législateur diabolique établit. […] Et courir tous les bals, et les lieux d’assemblées… Leur donner liberté de voir les Damoiseaux, Et se faire par eux apporter des cadeaux. […] Qu’elle coure par tout, aime l’oisiveté, Et soit des Damoiseaux flairée en liberté. » Sganarelle passe dans l’esprit de ces femmes mondaines pour un ridicule et un impertinant, en voulant les réduire sur le pied où étaient les femmes sages du temps passé. […] Qu’elle veut jouir de quelque nombre de beaux jours que lui offre sa jeunesse, prendre les douces libertés que l’âge lui permet ; voir un peu le monde ; et enfin goûter le plaisir qu’il y a à s’ouir dire des douceurs.
Enfin celui-là peut passer pour complice d’un crime, qui pouvant aller au-devant de celui qui est en disposition d’y tomber, et prévenir l’effet de sa mauvaise inclination par des remèdes efficaces, lui laisse la liberté d’agir selon ses désirs. […] Car encore bien que ce peuple nonobstant cette licence, qui a été sans doute arrachée de la Cour de Rome, et qui ne leur a été donnée que comme par contrainte, et à cause de la dureté de leur cœur ; ne laisse pas d’être coupable devant Dieu ; les fidèles néanmoins qui sont sous ma charge, et que je dois régler et conduire, s’appuient sur cet exemple ; et ils ont pris même, dis-je, cette liberté de déclarer qu’ils auront recours à votre Sainteté pour éviter de faire ce que je ne désire que pour leur salut.
Elisabeth, témoin des horreurs de la maison paternelle, née elle-même d’un de ses mariages infortunés, & d’une mère décapitée pour cause d’adultêre, fut effrayée avec raison, & craignit pour elle-même une pareille destinée : du moins est-il certain que jalouse de l’autorité souveraine, elle redouta celle d’un mari qui auroit pu la gêner dans sa liberté & ses intrigues. […] Voilà sans doute bien de la liberté ; c’est traiter la Reine bien ouvertement de Comédienne, mais on pardonne tout aux boussons, on ne fait qu’en rire, & il y en avoit alors dans toutes les Cours. […] Le Parlement l’avoit souvent prié de choisir un époux, mais c’étoit une franche coquette qui vouloit jouir de sa liberté, & vivre dans le libertinage d’un célibat volontaire, en évitant l’éclat du crime, & conserver les honneurs de la virginité. […] Ce tabarinage fut le signal de la persécution ; la liberté des Evangélistes ouvrit la prison des Catholiques. […] De quel droit attenter sur la liberté d’une Souveraine ?