Jugeons-en par leur caractere. […] Des troupes ambulances d’acteurs, dont tout est plein, & qui pour de l’argent font ce qu’on veut, suivent la biere du mort jusqu’au tombeau, & par une scene mouvente représentent en chemin sans s’arrêter ce qu’ils jugent à propos, analogue autant qu’ils peuvent à la nature de la fête & au caractere du défunt, des choses lugubres & tragiques, des traits graves pour les Magistrats, des mouvemens vifs pour la jeunesse, pésans pour un âge avancé, des exploits guerriers pour les Militaires.
Dans tout l’Orient une femme ne sort de chez elle que voilée : Ces femmes Payennes vous jugeront, dit Tertullien ; elles cachent si bien leur visage qu’elles ne laissent qu’un œil ouvert : Uno oculo liberato contentæ sunt dimidiâ luce frui quàm faciem prostituere. Quelle des deux jugera-t-on Chrétienne & sage, la Syrienne voilée, ou l’Actrice découverte, voulût-on opposer coutume à coutume, & la prendre pour arbitre ?
César, qui connoissoit ses talens & sa rivalité avec Syrus, le voyant au spectacle, voulut, pour se divertir, les voir jouer tous deux, & juger de leur mérite. […] Le Sénéchal, peu accoutumé à prononcer sur les affaires des Princes, prit le parti de ne rien juger, & d’appointer à bailler par écrit.