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2. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

La malignité humaine est encore une des principales causes de l’intérêt qu’on prend à une Comédie. […] Les passions, les intérêts qu’elle traite, ne sont point non plus trop relevés, & peuvent s’appliquer à chaque particulier, quel que soit son rang, & la médiocrité de sa fortune. […] Est il difficile de démêler les causes de l’intérêt qu’on prend à une Tragédie ? […] Mais quelque raison que l’on puisse donner de l’intérêt qu’on prend aux Poèmes tragiques, le Philosophe s’étonnera toujours que l’on chérisse des Ouvrages qui nous remplissent de douleur, qui nous arrachent des cris & des larmes : car enfin il ne paraît pas naturel de trouver des délices à s’affliger. […] Le faible intérêt qu’on prend aux Poèmes lyriques, ne mérite aucune attention : il est impossible qu’on soit beaucoup affecté de ce qui concerne leurs Personnages, puisque la musique refroidit nécessairement l’intrigue, & empêche d’entendre une grande partie des paroles ; d’ailleurs, l’action des Drames chantants est ordinairement très-peu de chose.

3. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

Elle a enfin poussé la barbarie, jusqu’à prétendre avoir le droit de relever les peuples du serment de fidélité envers le prince légitime, lorsqu’il est excommunié, d’inviter les sujets, leur ordonner même de désobéir à leur prince, de lui faire la guerre, de courir sus, de l’assassiner enfin, par trahison, faute d’autres moyens, et le tout pour la gloire de Dieu et l’intérêt de la religion, comme si le ciel avait besoin de crimes pour maintenir le vrai culte ! […] C’est là qu’ils prétendent régler les intérêts des souverains, des gouvernements et des peuples. […] La tiare voulait exercer autrefois un pouvoir absolu sur tous les Etats de la chrétienté : elle y comptait des milliers d’ecclésiastiques et de moines dévoués au saint-siège, elle les y considérait comme des troupes fidèles qu’elle y faisait stationner pour ses intérêts. […] Les prêtres se trouvent perpétuellement dans une fausse position, entre l’autorité du souverain dont ils sont les sujets, et l’autorité du souverain spirituel, vers lequel ils sont entraînés par un sentiment religieux irrésistible, de manière qu’en toutes choses ils obéissent de préférence à celui-ci, et qu’ils résistent à celui-là lorsqu’ils croient qu’il y va de l’intérêt de la religion, mais en confondant bien aisément et trop souvent, leurs intérêts personnels et temporels avec les intérêts du ciel. Les saints Evangélistes viennent à l’appui de ce que je viens de développer, dans l’intérêt direct du prince, qui doit être le chef unique de l’Etat, et dans l’Etat.

4. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Sans-souci pour les intérêts de tout le monde, même pour les loix de l’honneur & de la probité ; mais fort en souci pour ses intérêts ; & par une foule de batailles & de siéges, où il a été tantôt vaincu, tantôt vainqueur, il y a peu de guerres aussi chargées, & peu d’acteurs sur le Théatre qui aient joué tant de rôles, En 1741 traité avec la Baviere, la France & la Pologne, contre la Reine de Hongrie. […] Elle n’est point suspecte, elle étoit à la tête des affaires, tout lui rendoit compte, elle se mêloit de tout ; elle n’avoit aucun intérêt à décrier le Roi de Prusse. […] Ce Prince toujours semblable à lui-même, d’abord lié avec Auguste contre Stanislas, ensuite avec Stanislas contre Auguste, avec la France contre l’Empereur contre la France : ce Prince étoit de tous les partis & n’étoit d’aucun ; il n’en a jamais eu d’autres que celui de son intérêt, & de l’intérêt du moment. […] Toutes les vertus ne sont qu’apparentes, & n’ont que l’intérêt pour principe. […] Les fautes des françois, la mort de la Czarine, l’intérêt sordide des Généraux, les divisions, &c. m’ont sauvé.

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