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63. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Raisonnons donc puisque vous l’exigez : pourquoi ne voulez-vous pas qu’on désire de ressembler à Arlequin Sauvage, pourquoi ne voulez-vous pas qu’on soit touché de son innocence et que les sentiments qu’il inspire partent d’un fond de bonté que les vices n’aient pu anéantir chez les hommes ? […] Quand on ne verra dans le monde d’autres Amants que ceux de nos Tragédies, on pourra regarder la passion de l’amour comme une vertu, la nation qui la première joindra tant de délicatesse à ses penchants pourra se flatter d’être parfaite, et les Ecrivains qui auront inspiré cette délicatesse auront fait une chose également bonne pour les bons et pour les méchants. […] Je conviens que Ravaillac et Jacques Clément ont existé avant eux et que la Mémoire de ces scélérats peut avoir inspiré leurs Muses, mais enfin il est certain que le fanatisme n’est pas encore détruit et qu’il fait prévoir et craindre aux gens sages des événements tristes pour l’avenir. Corneille, Racine et Voltaire n’ont cependant pas attendu ces événements, pour s’efforcer d’en inspirer la crainte ; nous pouvons ce me semble conclure de ces exemples que nos Auteurs ne sont pas aussi lâches que vous le dites et ne respectent pas autant les mœurs du siècle que vous feignez de le croire. […] Ce n’est pas cependant que je voie comme vous, des coups de canne bien appliqués à M. de Lauzun par Louis XIV, rien n’était plus aisé à ce grand Monarque que d’en donner ; mais pour inspirer à ses peuples le respect qu’il exigeait d’eux pour la Noblesse, il en donnait l’exemple et ne voulait pas que ce Corps illustre eût à rougir du déshonneur d’un de ses membres.

64. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  TRAITÉ. DE LA POËSIE. DRAMATIQUE. ANCIENNE ET MODERNE. Plan de ce Traité. » pp. 5-7

Le Poëte François dont j’ai examiné les Ouvrages, ayant eu le bonheur de plaire à sa Nation, en suivant dans ses Tragédies, comme dans sa Comédie, les traces des Poëtes Grecs dont il s’étoit nourri dès sa jeunesse ; son succès doit inspirer à ceux qui ne connoissent point le Théâtre Grec, la curiosité de savoir si c’est chez les Grecs qu’il faut nécessairement chercher les vrais Principes de la Poësie Dramatique, & si ces mêmes Principes ont été également suivis par les autres Nations qui ont aimé & cultivé le même genre de Poësie.

65. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « [Lettre] » pp. 1-4

[Lettre] Monsieur, S i la pureté d’intention peut inspirer quelque fierté à tout Ecrivain qu’elle anime ; je crois qu’il m’est permis de prétendre à cette gloire, ainsi que vous.

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