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249. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

L’importance de mieux régler l’emploi de ce fléau sur la scène, est d’autant plus grande, que non-seulement les méchants, mais aussi des auteurs très-estimables en ont fait l’usage le plus préjudiciable ; car, je le demande encore une fois aux plus grands partisans même de son utilité et de son indépendance accoutumée, l’auteur du Tartufe, qui, en considération du mal réel qu’il avait intention d’arrêter, du vice odieux qu’il voulait combattre, peut être justifié ou excusé d’avoir saisi l’arme du ridicule, tandis qu’un si grand nombre d’individus foulaient aux pieds avec scandale et paisiblement lès censures, la religion, toutes les vertus, et d’aller combattre d’abord ceux qui les recommandaient du moins à l’extérieur par des exemples et des discours ; et les combattre de manière encore à frapper également les bons et les méchants, à frapper ceux qui se cachaient de peur de scandaliser l’innocence et la vertu, comme ceux qui se cachaient seulement de peur d’être pris et pendus ; cet auteur, dis-je, est-il aussi excusable d’avoir employé cette arme cruelle dans ses critiques éclatantes et solennelles d’égarements, ou travers innocents qui accompagnent même les plus sublimes vertus, qui tiennent à la faiblesse humaine, lesquels n’ont pas plutôt disparu que d’autre les remplacent par une succession aussi nécessaire que celle des pensées frivoles qui assiègent continuellement les esprits forts et les faibles ? […] Il n’est pas douteux que cette crainte que chacun aurait seulement, ou surtout pour soi-même, ne fût un frein plus puissant que celle qu’on a aujourd’hui en commun avec toute une corporation, quelquefois avec tout le genre humain.

250. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

La peinture trop naïve des foiblesses humaines est plus propre à réveiller la passion qu’à l’éteindre, de quelque précepte qu’on l’assaisonne. […] Il a voulu être tout dans l’empire des lettres, & embrasser, comme Leibnitz toute la sphére des connoissances humaines, avec plus d’élégance peut être, mais incomparablement moins de génie que ce fameux Allemand, qui ne se mêla jamais de théatre, qui fut un vrai prodige.

251. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Le Roi de Prusse, que notre Voltaire appelle, je ne sai pourquoi, le Salomon du Nord, qui écrit d’une maniere si humaine & fait des actions si cruelles, a forcé les Archives de Dressés, malgré la Reine qui en défendoit l’entrée elle-même ; il a entraîné cette Princesse à la Chapelle où il faisoit chanter le Te Deum (belle dévotion) en action de grace de ce bel exploit. […] Un ennemi du Machiavélisme ignore la perfidie & l’usurpation, ne marche pas dans des routes détournées contraires à la probité, & ne ménage point son intérêt aux dépens du droit naturel & du sang humain, qu’il fait ruisseller par des guerres cruelles, faisant pancher la balance, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, pour les éterniser jusqu’à ce qu’il ait dévoré sa proie.

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