/ 466
46. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Ce n’est pas ici un scélérat qui parle, c’est une femme d’honneur qu’on fait parler & agir, une mère dans sa famille, qu’on fait instruire ses enfans, & employer la séduction & le crime pour favoriser leur mariage. […] C’est encore un emporté, un furieux, un jureur, qui parle à son fils, à son frère, à sa mère, à sa servante, comme un crocheteur ; une ame basse, qui insulte son ennemi vaincu, veut donner des coups de poing aux Huissiers, laisse tendre des pieges par sa propre femme, au risque de son honneur, & certainement au mépris de toutes les bienséances, à un homme qu’il croit un saint, pour le tenter d’adultère, & se cacher sous une table pour en être témoin. […]  1.). 5.° La promesse du secret & sa conservation dans le crime : Votre honneur avec moi ne court point de hasard, On n’a nulle disgrace à craindre de ma part, Mais les gens comme nous brûlent d’un feu discret. […] Voilà de quoi rassurer une jeunesse timide qui craint pour son honneur, & de quoi faire bien des célibataires qui sans être dévots goûtant des plaisirs sans peur, rendront la débauche inutile, & ne feront aucun aucun mal, puisqu’il n’y a de péché que dans le scandale. […] Faut-il que notre honneur se gendarme si fort, Que le feu dans les yeux & l’injure à la bouche … Pour moi de tels propos je me ris simplement, Et ne suis point du tout pour ces prudes sauvages Dont l’honneur est armé de griffes & de dents.

47. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Toute pétrie qu’elle est de chimères, la comédie aurait-elle osé se flatter de cet honneur ? […] Mais non, ce serait une peine inutile, de vouloir concilier Voltaire avec lui-même, et lui faire trop d’honneur de compter pour quelque chose son suffrage ni pour ni contre. […] et ludicra deformitas velaretur. » Mais Néron se piqua d’un faux honneur, voulut ne devoir la couronne qu’à son mérite, et non à la faveur du Sénat. […] connaît-il l’honneur et la décence ? […] L’ivresse du plaisir, le transport de l’admiration, l’éclat des applaudissements, éblouit, aveugle, fait tourner la tête la plus noble : la souveraine félicité est au théâtre, le souverain honneur dans le mérite dramatique.

48. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

Je crois qu’il ne convient pas ni à la Majesté Divine, ni aux maximes de l’Evangile, que la pudeur, & l’honneur de l’Eglise soient souillés par cette contagion si honteuse, & si infame. » De Theatricis, & ipsos plac1uit, quamdiu agunt, à Communione separari. […] Par quel principe de morale vôtre Confesseur oseroit-il vous permettre, que vous alliassiez l’usage de la sainte Communion avec le divertissement de la Comedie ; lors qu’il sçait que Salvien ce grand Prêtre de Marseille se servît de toute son eloquence à faire des invectives aux Chrétiens du cinquiéme siécle ; lesquels firent par une bizarre reconnoissance representer à l’honneur de Jesus-Christ les spectacles du Cirque & du Theatre ? […] Mais ce ne fut pas cette intention des Idolatres, qui excita ici le zele de Salvien : il parla aux Chrêtiens, qui rapporterent ces spectacles à l’honneur de Jesus-Christ, bien loin qu’ils voulussent faire des sacrifices à Neptune, à Venus, ou à leurs passions. […] Je vous pourrois en citer quelques-uns, que j’ai l’honneur de connaître, je sçai ce qu’ils jugent en ce point : & mon sentiment ne sçauroit qu’y être conforme.

/ 466