Nous ne devons pas craindre ces suites d’une pareille erreur de la part des écrivains qui sont aujourd’hui l’honneur de la scène française : les Picard, les Andrieux, les Duval et leurs dignes collègues, ne produisent que des ouvrages utiles et purs comme leurs âmes honnêtes ; mais il n’existe pas la même garantie contre les avortons indigents de la littérature, qui se jètent sans distinction sur les sujets qu’ils rencontrent : ils pourraient bien s’emparer de celui-ci, et y voir un autre bon modèle de Tartufe. […] Je m’empresse de répéter ici ce que j’ai dit déjà ailleurs : hommes honnêtes de tous les états, puissé je ne pas vous flétrir même par cet énoncé simple et naturel, dépouillé de jeu magique !
D’un autre côté, il n’est pas moins vrai que le peintre de Henri, qu’on dit si timide, si modeste qu’il a fallu l’autorité du premier Prince du Sang, pour le résoudre à donner au public ce qu’il n’avoit fait que pour un théatre de société, n’a pas craint de bien enlaidir son héros, par des basses familiarités & des libertés indécentes prises avec la fille de son hôte, devant son pere & sa mere, & tout le public : ce qui n’est, ni édifiant, ni honnête, ni digne d’un grand prince. […] Mais la ville de Paris demeure chargée des pensions des acteurs, qui montent à 150000 livres, somme honnête pour des histrions : l’Hôpital coûte moins.
Je sais qu’il faut à l’homme une récréation pour délasser l’esprit, comme il faut du sommeil au corps pour réparer ses forces, que le dimanche a été établi de Dieu comme un jour de repos, & que dans cette vue il fait cesser les œuvres serviles ; je fais encore que l’exercice du corps est utile à la santé, mais ce n’est qu’un exercice modéré, un divertissement honnête ; l’excès est toujours pernicieux : Servandi corporis & animi gratia, non opprimendi. […] On peut, on doit lui offrir un délassement honnête & modéré.