10) qu’il y a bien des pieces honnêtes, dont la plus exacte pudeur ne rougiroit point. […] Il se peut qu’avant ou après les pieces honnêtes on donnoit des farces licencieuses.
Il faudra que nous passions pour honnêtes les impiétés & les imfamies dont sont pleines les comédies de Moliere, des pieces où la vertu & la piété sont toujours ridicules, ta corruption toujours excusée & toujours plaisante, la pudeur toujours offensée & toujours en crainte d’être violée par l’image des objets les plus dangereux, auxquels on ne donne que l’envelope la plus mince, &c. […] Le discours est comme la personne : le langage des hales qui dit les choses par leurs noms, choque les honnêtes gens ; un langage poli qui pare les idées licentieuses de termes honnêtes, lance des traits d’autant plus séduisans, qu’ils ont une apparence de vertu.
Il vaudrait mieux qu’on leur attachât une meule de moulin au cou, que de scandaliser même les petits et les faibles : « Si scandalisaverit unum de pusillis istis. » Y eût-il des pièces honnêtes, il suffit qu’il y en ait souvent de mauvaises, pour s’en abstenir toujours. […] Il n’y eut d’abord rien que d’équitable et de régulier dans cette juridiction, rien que de sage et d’honnête dans ces amusements.