Car il faut avouer que la corruption de l’homme est telle depuis le péché, que les choses qui l’instruisent ne trouvent rien en lui qui favorise leur entrée dans son cœur. […] De là vient qu’on ne peut être parfait Chrétien, que ce corps de péché ne soit détruit, que l’homme céleste ne règne, et que le vieil homme ne soit crucifié. […] Et comme les exemples ont un grand pouvoir sur les hommes, dans le même temps que la Comédie nous propose ses Héros livrés à leurs passions, la Religion nous propose Jésus-Christ souffrant pour nous délivrer de nos passions. […] Cette Tradition est poussée jusqu’au dix-septième siècle, par la citation de plusieurs saints et savants Hommes de chaque siècle, qui ont condamné la Comédie et les Spectacles. […] Enfin il conclut que les Chrétiens blâmaient la grande dépense de ces Spectacles, l’oisiveté qu’ils fomentaient, le rencontre des hommes et des femmes qui s’y trouvaient mêlés et disposés à se regarder avec trop de liberté et de curiosité.
Les hommes viennent s’y instruire en s’amusant. […] de grands hommes l’ont démontrée beaucoup mieux que moi. […] Se doutent-ils des sages leçons qu’il donne aux hommes ? […] Que peut-il y avoir de dèshonorant à venir réciter en public les Ouvrages des Hommes de génie ? […] Il falut jadis deux Théâtres pour nous produire une foule de grands hommes ; pourquoi croyons-nous en avoir assez d’un ?
La pluie, les nuages, le tonnerre, les ouragans, la légèreté de l’air, les oiseaux qui le traversent avec autant de rapidité, les poissons qui fendent les ondes ; cette multitude innombrable d’animaux qui vivent sur la terre ; l’homme enfin, le chef-d’œuvre des mains de Dieu, la seule créature faite à son image et pour sa gloire ! […] Les plus beaux théâtres du monde n’ont rien de comparable au spectacle de la nature : l’or, dont la main de l’homme les a décorés, s’éclipse devant les feux célestes ; ils ne brillent plus que de leur clarté réfléchie. […] On lui promet un rédempteur, dont la grâce anticipée est accordée à tous les hommes : on assure un prix immortel à la vertu, et l’on menace les impies d’une peine qui n’aura point de fin. […] Dieu se repent d’avoir créé l’homme ; il est forcé d’en noyer l’espèce criminelle dans les eaux du déluge : une seule famille est jugée digne de vivre et de perpétuer sur la terre la race infortunée des mortels. […] Ces hommes, remplis de l’esprit de Dieu, et dévorés par le zèle, ne cessent d’exhorter le peuple indocile, de le menacer de la part du Très-Haut, qui fait venir enfin contre lui toutes les forces de l’Assyrie et de la Chaldée.