Cette femme en étoit si éperdument amoureuse, qu’elle le suivoit par-tout à cheval, même à la guerre, dans toutes ses courses. […] On écrivit contre ; il s’amusa de cette guerre littéraire, ou plutôt de cette comédie sacrilege. […] M. d’Apremont son pere, quoique Sujet du Duc, lui avoit fait la guerre jusques dans le centre de la Lorraine, aidé de quelques troupes que lui avoit fourni Louis XIV. […] A Nanci, où regnoit la plus grande misere après quarante huit ans d’une guerre qui avoit tout ravagé, il se trouve des Comédiens. […] Il avoit un génie extraordinaire pour la guerre, mais rien ne le touchoit que son plaisir ; une bourgeoise l’amusoit aussi bien qu’une fille de qualité.
Il gagna tous les états avec fureur, malgré les horreurs de la guerre. […] Elle traversa dix fois toute la France, parcourant les villes & les provinces, alla même hors du royaume chez le Duc de Savoye pour négocier la paix ou la guerre, & plus la guerre que la paix, mais toujours environnée de sa fidelle troupe, comme d’un regiment de Gardes, sans lequel elle ne marchoit pas. […] Le grand Turenne son fils découvrit de même à Madame de Coatquin le secret de la guerre de Hollande, de sorte que dans le même temps que la Princesse Henriette, sœur de Charles II, alloit négocier la guerre en Angleterre, une autre femme pensa faire échouer le projet en France. […] Ces charmantes troupes eurent une belle peur ; elles se virent au moment d’être prisonnieres de guerre auprès de Meaux. […] Il passe rapidement sur les guerres civiles & les troubles où, contre le témoignage de tous les historiens, il avance qu’elle n’a eu aucune part.
On attribue les malheurs d’une guerre à la faiblesse des troupes, au défaut des vivres, à la supériorité de l’ennemi ; on se trompe, absorbé dans l’ivresse des spectacles, étudie-t-on son métier, songe-t-on à son devoir ? […] croira-t-on que ni les dangers de la guerre, ni les alarmes d’un siège, ni la terreur d’un assaut, ni les horreurs d’une prise, ne purent suspendre les spectacles ? […] Cependant elle a donné la vogue à la comédie dans nos camps et dans nos villes de guerre : il n’en est point où on ne la joue aussi régulièrement qu’à Paris. […] Je pars de ces principes, et je demande si c’est là l’école de la guerre. […] la scène serait dans le camp, à la tranchée, au pied de la brèche : que de coups de théâtre n’ameneraient pas les événements de la guerre !