Philippe la fit sortir de prison, lui ménagea son pardon, les bonnes grâces, les bons traitemens de la Cour, & en usa avec elle si poliment, que les romans l’en font amoureux, & que Marie, dit-on, en fut jalouse. […] Un mari qui auroit gouverné une vieille Reine, auroit tyrannisé le peuple, & dépouillé le Royaume, se seroit emparé des finances & de l’autorité sans donner d’héritier ; elle ne l’avoit pas voulu quand elle le pouvoit ; elle ne le put quand elle le voulut, il est vrai qu’elle n’insista pas, & se rendit de bonne grâce ; à son âge pouvoit-elle se flatter d’être aimée ? […] Il est rare qu’on règne sur les cœurs quand on a perdu les grâces de la jeunesse, & qu’on n’est recherchée que par intérêt. […] Elle avoit si bien formé des Comédiens qu’on lui joua à elle-même la comédie ; ses favoris ne jouèrent pas moins leur rôle, ils ne craignoient pas moins que les autres un nouveau maître qui auroit disposé de toutes les grâces. […] Ces deux Ambassades du Roi de France à la Reine, de la Reine d’Angleterre au Roi, faites avec la plus grande pompe, coûtèrent aux deux Cours des sommes immenses ; ce ne fut des deux côtés que fêtes, bals, comédies, réjouissances, pour attirer les grâces du Ciel, & célébrer saintement un si grand Sacrement.
J’ai tout reçu, de fort bonne grâce, & je compte bien m’en parer, le jour où mon amant… Mon amant !
Quand les Pères reprennent les vices de leur temps, ils n’ont pas coutume de dire : C’est un péché mortel, c’est un péché véniel, parce que ce doit être assez à un chrétien de savoir qu’une action déplaît à Dieu pour s’en abstenir et l’avoir en horreur ; et il y a quantité de péchés qui ne semblent que véniels, et qui sont néanmoins des pentes et des degrés par lesquels les hommes descendent en enfer, ou à cause des circonstances qui les enveniment, ou parce qu’ils conduisent à d’autres plus grands péchés, ou qu’ils nous privent des secours et des grâces actuelles de Dieu, qui nous seraient très salutaires pour nous conserver en bon état, et ne pas succomber aux secousses des tentations qui nous sont quelquefois livrées.